3.1. Une théorie de l’apprentissage à partir de l’expérience

Les principales théories de l’apprentissage reconnaissent l’importance de l’expérience de l’individu dans le processus d’apprentissage. En particulier, la théorie de l’experiential learning, dont les premiers rudiments sont apparus avec les travaux de Saljo en 1979, s’est centrée sur le rôle de l’expérience des apprenants dans leurs apprentissages. L’experiential learning peut être défini comme un processus par lequel l’expérience de l’apprenant est la source de l’apprentissage. La théorie de l’experiential learning réfère au rôle central que joue l’expérience dans le processus d’apprentissage et se fonde en effet sur l ‘idée que l’apprentissage est source d’une augmentation des connaissances et concerne le développement de compétences et de méthodes, ainsi que l’acquisition de faits utilisables par la suite. Selon cette théorie, l’apprentissage est un processus d’attribution de sens aux informations présentes dans une situation et d’extraction de ce sens en vue de le relier aux situations de tous les jours. La compréhension du monde se ferait ainsi grâce à l’interprétation et la ré-interprétation de connaissances acquises par les expériences. L’idée est que cette forme de réflexivité, le sujet prenant conscience de sa propre action, de ses propres fonctionnements, permet au sujet de s’observer et de s’analyser dans le but de percevoir et de comprendre sa propre façon de penser et d’agir (Kolb, 1984). La plupart des modèles d’experiential learning sont cycliques et comprennent trois étapes de base : l’apparition d’une expérience correspondant à une situation problème, l’examen réflexif de son expérience par l’apprenant source d’apprentissage, et la phase de test pendant laquelle le nouveau savoir est mis à l’épreuve dans une situation problème similaire à la première. Le modèle le plus connu est celui de Kolb (op.cit.), qui décrit un cercle récurrent : le processus commence par une expérience vécue, puis une observation réflexive. La réflexion est assimilée sous forme théorique, comme conceptualisation abstraite ; et enfin ces nouvelles hypothèses sont testées dans des situations, c’est la phase d’expérimentation active. Ces travaux ne sont pas sans rappeler ceux sur le raisonnement par analogies (Gentner, 1999 ; Holyoak, Gentner et Kokinov, 2001) et ceux sur le raisonnement à partir de cas (Kolodner, 1993), dans lesquels il s’agit de montrer comment un sujet peut raisonner à partir de ses expériences passées, en les mobilisant par le biais de la perception d’analogies entre les situations. Dans ces recherches, un sujet se trouve en situation de résolution de problème, et il trouve des éléments de résolution dans une situation-problème (appelée source) similaire à la situation en cours (appelée cible). Il peut alors résoudre le problème cible grâce à la solution du problème source. La solution ainsi trouvée au problème cible va augmenter la base de solutions, et pourra constituer une solution source pour une situation ultérieure (Nogry et Didierjean, 2006 ; Nogry et al., 2004).