4. Observer l’apprentissage médié selon une approche historico-développementale

Dans la « cristallisation » de l’expérience en inscriptions, les interactions sont d’une certaine manière « linéarisées » dans les traces, mais en même temps elles prennent une épaisseur qui « déborde » les interactions effectivement réalisées. Comme nous dit Clot (op. cit., p. 6), l’action observable n’est pas toute l’activité. Le réalisé représente seulement une partie de ce qui était possible, à chaque instant le présent fige par sa réalisation les possibilités du passé, offrant ainsi de nouvelles possibilités au futur. En effet, les actions interrompues, abandonnées, contrariées sont aussi constitutives de l’activité qui se réalise. Ces actions donnent de l’épaisseur à l’activité, elles laissent des traces d’inachevé, mais offrent aussi des possibilités pour l’accomplissement de l’activité future, dans la zone proximale de développement. Si l’activité d’apprentissage qui est observable et traçable n’est pas toute l’activité, alors comment l’observer ? Pour Vygotski, l'expérience vécue n'est pas abordable directement mais elle l’est par les traces qu'elle laisse « à la surface de l'action » (Clot, op. cit., p. 7). Ce sont précisément ces indices que nous voulons exploiter dans notre recherche, en mettant en place une situation pour observer l’apprentissage médié selon une approche historico-developpementale. Nous exposons ci-dessous les principes que nous allons suivre pour la mise en place de cette situation. Il s’agit de mettre le développement « en mouvement » pour l’appréhender, d’accepter la réduction fonctionnelle de l’activité à l’action, de rendre l’expérience utilisable en objet d’un nouveau vécu, de saisir le sens qui émerge des interactions entre sujets et d’observer les utilisations des dispositifs techniques qui sont faites par les utilisateurs. Nous développons ci-dessous ces principes.