4.3. Répéter sans répéter

Vygotski a proposé une méthode pour appréhender et étudier le développement. Cette méthode est appelée la méthode « génétique », « indirecte » ou « de la double stimulation » de manière équivalente dans la littérature (Brassac, 2003 ; Clot, 2005 ; Engeström, 2005). Cette méthode consiste à mettre en œuvre le « redoublement » de l’expérience vécue pour permettre aux sujets de modifier cette expérience en objet d’un nouveau vécu, dans le but d’étudier le passage d’une action dans l’autre où précisément se réalise l'activité. Cette méthode se base ainsi sur l’idée que l’accomplissement d’une expérience vécue est une source pour l’activité en cours, et peut devenir une ressource pour l’accomplissement d’une nouvelle expérience. Ainsi, en se « dupliquant », le tangible de l’activité est trahi par ses développements. Pour Clot (op. cit.p.9), cette « trahison du réel par les réalisations » se produit au deux sens du terme : les accomplissements rendent compte, laissent apparaître le réel, mais elles le réorganisent à la fois. C’est précisément cette réorganisation qui permet le développement, en ce qu’elle autorise la modification du réel de l’activité qui se re-produit. Plus justement, plutôt que de parler de duplication ou de redoublement des actions réalisées, nous pouvons parler d’expérience « qui se répète sans se répéter », selon les termes de Bernstein (1996), cité dans Clot (2004, p. 26). Cette reprise de l’action, cette action « au carré » permet selon la formule de Vygotski, un contact social avec soi-même via l’action, et est source d’un développement potentiel.