4.5. Observer les interactions entre humains et dispositifs techniques d’EIAH

Selon une approche de cognition située et distribuée les interactions entre les sujets et les dispositifs techniques sont aussi importantes à considérer que les interactions entre sujets. Nous prenons ici le parti pris de nous intéresser en particulier à des dispositifs techniques particuliers, conçus spécialement pour des situations d’apprentissage.

Dans le domaine de l’apprentissage humain, le champ de recherche sur l’apprentissage instrumenté et les environnements informatiques pour l’apprentissage humain (EIAH) traite des interactions entre apprenants et dispositifs techniques, en particulier avec les dispositifs informatiques. Ce domaine de recherches est très actif dans la communauté francophone. Il s’intéresse aux environnements informatiques conçus dans le but de « favoriser l’apprentissage humain, c’est-à-dire la construction de connaissances chez un apprenant » (Tchounikine, 2002, p. 3). L’acronyme EIAH indique une évolution des concepts dans le domaine. En effet, ce champ de recherche est né dans les années 1970 comme application de l’Intelligence Artificielle à l’enseignement et à la formation. À l’époque, le sigle qui le désignait était EAO et signifiait Enseignement Assisté par Ordinateur. Puis ce sigle est devenu EIAO pour l’Enseignement Intelligemment Assisté par Ordinateur puis il a désigné les Environnements Interactifs d’Apprentissage avec Ordinateur. Enfin, proposé par Balacheff, l’acronyme EIAH existe depuis la fin des années 1990 et désigne un champ de recherche dans lequel on ne s’intéresse pas seulement aux ordinateurs mais aux « environnements informatiques » au sens large, et surtout dans lequel les recherches visent la compréhension de l’apprentissage humain et la conception d’environnement pour l’apprentissage humain. Nous comprenons l’acronyme EIAH comme Tchounikine le définit, c'est-à-dire pour désigner « tout environnement informatique conçu pour favoriser un apprentissage. Ce type d’environnement intègre des agents humains (élève, enseignant) et artificiels (i.e., informatiques) et leur offre des conditions d’interactions, localement ou à travers les réseaux informatiques, ainsi que des conditions d’accès à des ressources formatives (humaines et/ou médiatisées), ici encore locales ou distribuées » (Tchounikine, op. cit., p. 5). Dans cette définition, la machine peut alors avoir différents rôles : « outil de présentation de l’information (par ex. un hyper-média), outil de traitement de l’information (par ex. un système à base de connaissances résolvant les exercices avec l’apprenant) ou outil de communication entre l’homme et la machine ou entre les hommes à travers les machines » (Tchounikine, op. cit., p. 5).

Ce type d’environnement permet à des agents humains et/ou artificiels d’interagir et d’accéder à des éléments formatifs de toutes natures qui sont des ressources pour l’activité d’apprentissage mais également des sources du processus conjoint d’émergence de sens.