4.6. Apprentissage conjoint et processus de négociation de sens

Envisager une activité d’apprentissage conjoint entraîne nécessairement que l’on s’intéresse à la négociation conjointe de sens, non pas comme un moyen de résoudre des conflits, mais comme l’activité via laquelle les acteurs donnent du sens à la situation et construisent ensemble des connaissances. La négociation de sens est un angle d’étude favorable pour appréhender les pratiques conjointes. En effet, pour étudier des situations ouvertes, et non des situations de résolution de problèmes avec une (ou plusieurs) solution(s), les notions de négociations et de stabilisation de sens prennent toute leur importance. Nous parlons alors d’un sens co-construit en cours d’activité. Dillenbourg et Baker (1996) se sont intéressés aux espaces de négociation dans les situations d’apprentissage collaboratif médiées. Ils ont comparé des situations où plusieurs apprenants collaborent ensemble à des situations où des apprenants collaborent via un collecticiel 4 . Ces auteurs ont observé dans leur étude comparative des différents dispositifs techniques de CSCL (computer supported collaborative learning) que, aux moments où deux acteurs sont en négociations, ils passent souvent d’un espace de négociation à un autre, contrairement à ce qui se passe en situations où un (ou des) acteur(s) négocie(nt) « avec » un agent artificiel du logiciel. Ces travaux montrent selon nous leurs limites en ce qu’ils adoptent une approche comparative de situations d’apprentissage complexes et très différentes.

Notes
4.

C’est la définition même d’espace de négociation qui leur permet de caractériser les différents types de négociations, selon sept dimensions (le mode de négociation, c’est-à-dire comment se passe la négociation,l’objet de négociation, c’est-à-dire ce qui est sujet à négociation, la symétrie, la complexité, la flexibilité, la systématicité des agents et la possibilité de communication indirecte).