5. Conclusion

Au cours de ce chapitre, nous avons affirmé notre approche non mentaliste de la cognition, et avons montré en quoi l’approche interactionniste et constructiviste que nous revendiquons vient combler certaines limites de l’approche mentaliste. Nous avons assuré que les concepts d’apprentissage et de développement renvoient au même processus dynamique de transformation qui s’opère chez le sujet apprenant, et que ce processus n’est pas purement cognitif, mais qu’il possède des constituants sociaux et matériels. Nous avons montré comment la mobilisation de l’expérience peut être source de développement, inscrite dans les traces d’interactions entre le sujet et son environnement. Ces traces peuvent être ancrées dans différents types de supports matériels (physiques ou numériques), marquant la situation et la distribution de l’activité entre humains et dispositifs techniques.

Se posent alors les questions suivantes : quelle place peuvent avoir les constituants sociaux et matériels dans une activité cognitive ? Et dans l’apprentissage ? Comment un objet présent dans la situation, un artefact, devient-il instrument pour l’activité ? À quelles conditions fait-il sens pour le sujet ? Comment l’émergence du sens qui se négocie entre les sujets de la situation se joue-t-elle ? À quelle conditions ? Quel est le rôle joué par le processus d’appropriation dans cette émergence de sens ? En quoi les objets d’une situation peuvent-ils être des inter-médiaires à l’activité ?

Nous tentons d’apporter des éléments de réponse à ces questions dans le chapitre suivant en développant précisément ces aspects situé et distribué de la cognition.