2.2. L’expertise de la réutilisation

La littérature sur l’activité de réutilisation apporte deux types de résultats concernant les représentations et le contrôle de l’activité par le sujet. Certaines études montrent que la réutilisation de solutions antérieures permet d’enrichir les représentations construites pendant l’activité, par exemple par affinement des connaissances liées à la représentation du problème. Mais d’autres études montrent que la stratégie d’essai erreur est également utilisée en contexte de réutilisation, sans enrichissement des représentations et avec une diminution du niveau de contrôle de l’activité. Détienne explique ces résultats contradictoires par le fait que les situations de réutilisations évoquées sont différentes dans les deux cas. Selon elle, l’enrichissement des représentations construites concernerait la réutilisation au cours des phases d’analyse de la situation et de recherche de solution, alors que la diminution du niveau de contrôle concernerait plutôt une réutilisation au cours de l’implémentation de la solution. Détienne montre dans son rapport qu’il existe un niveau d’expertise en réutilisation, qui est, selon elle, bien à distinguer du niveau d’expertise dans la tâche concernée par la réutilisation. Woodfield, Embley et Scott (1987) montrent dans leur étude que des concepteurs ne sont pas aptes à juger de la réutilisabilité d’un élément qu’ils n’ont pas eux-mêmes conçu. Par ailleurs, les études empiriques de Rouet, Deleuze-Dordron et Bisseret (1995) montrent que, en situation de réutilisation, des participants, même experts dans le domaine de la tâche, éprouvent de grandes difficultés à utiliser un environnement conçu pour la réutilisation. Ces difficultés peuvent cependant davantage concerner l’utilisation de l’environnement d’assistance à la réutilisation que l’activité de réutilisation en elle-même.

En conception logicielle, l’enregistrement de l’expérience inscrite et « capitalisée » dans des traces des interactions utilisateur-système est un domaine de recherche actif, à l’origine du développement de systèmes qui tracent ces interactions. Nous présentons ci-dessous différents types de systèmes « traçants ».