1. Introduction

Comme nous l’avons exposé dans la problématique, nous avons deux attentes pour cette recherche. Premièrement, nous voulons caractériser le statut des traces en interaction homme-machine, en observant une situation d’activité conjointe et instrumentée et le rôle que les traces informatiques de l’activité y jouent, sur une toile de fond d’apprentissage et de développement humains, et en nous appuyant sur le cadre de la cognition située et distribuée. Deuxièmement, et « en retour », nous souhaitons exploiter nos observations sur l’utilisation des traces dans la même activité, pour mettre en évidence les propriétés de l’activité concernant la distribution entre les acteurs et les propriétés d’ancrage dans leur matérialité. Les perspectives de ces investigations s’envisagent en termes de recherche et de conception d’artefacts qui seraient conformes aux résultats de la recherche.

Nous supposons que la visualisation de traces de l’activité à travers l’histoire interactionnelle est source d’un développement potentiel. C’est l’expérience de l’expérience vécue qui rendrait ce développement possible. De la même manière que pour Vygotski, pour étudier le corps il faut le mettre en action, nous pensons que pour étudier le développement il faut le provoquer. Dans cette recherche, nous souhaitons mettre en œuvre la méthode expérimentale génétique de Vygotski, qui permet de mettre en évidence la migration fonctionnelle, c’est-à-dire une sorte de « répétition sans répétition ».

Notre objet de recherche ne peut être appréhendé que par la mise en place de situations. C’est la création de situations, et non la manipulation de variables qui permet d’étudier notre objet. Ainsi, pour tenter de progresser sur ces champs d’investigation et de répondre à nos questions de recherche, nous avons mis en place une activité conjointe et instrumentée. Les mises en situation que nous mettons en place concerne une activité de co-rédaction d’un mode d’emploi par deux acteurs, par le biais de dispositifs techniques et à distance. Ces mises en situation ne sont pas « écologiques », car elles ne concernent pas des individus en train de faire leurs activités habituelles, en condition « sauvage ». Mais elle sont « naturelles », par opposition aux situations de laboratoire. Nous présentons cette activité ci-dessous et la manière dont nous l’avons mise en place pour l’étudier. L’observation, le traitement et l’analyse de ces mises en situation que nous mènerons sont qualitatives, et relèvent d’une approche psycho-ergonomique d’inspiration ethnométhodologique. Nous présentons ci-dessous les modalités de nos études.

Après avoir présenté l’activité observée, nous exposons la méthodologie utilisée pour l’observation. Nous décrivons très précisément les mises en situation, puis les méthodologies de traitement et d’analyses des informations « captées » lors des mises en situation.