3. Méthodologie pour l’observation

Nous étudions une activité médiée, par le langage et par les artefacts numériques à la disposition des participants. Les participants communiquent et réalisent l’activité par le biais du clavier, de l’écran et de la souris de l’ordinateur en réseau qu’ils ont à disposition. Ils utilisent aussi la consigne papier qui leur est distribuée en début d’activité. L’activité se distribue entre ces éléments de la situation, et entre bien d’autres encore : le bureau auquel ils sont installés, la chaise, etc. Cependant, bien que notre approche pour cette recherche soit celle de la cognition située et distribuée, nous sommes bien consciente que prendre en compte tous les artefacts avec lesquels la cognition se distribue et ainsi avoir une compréhension « divine » de la situation n’est pas possible. Nous nous en tiendrons ainsi à étudier les artefacts dont l’effet est selon nous « observable », c’est-à-dire les espaces numériques à l’interface.

L’analyse de ce type de situation d’activité conjointe peut se baser sur un ensemble de documents permettant de rendre compte de plusieurs aspects de la situation de recherche : les modes d’emploi finalisés rendus par les co-rédactants, les objets intermédiaires tels que les traces d’activité ancrées dans le support numérique, les enregistrements vidéos des interactions (films des participants et des écrans), les réponses aux entretiens et aux questionnaires transcrits. En effet, ces différents types d’informations obtenues nécessitent une variété de méthodologies : analyse textuelle pour les modes d’emploi finalisés, analyse des vidéos, traitements des réponses aux entretiens et questionnaires. Pour nommer ces informations, nous utiliserons dans notre recherche le terme d’« obtenues » (Latour, 2001, p.49), que nous préférons à celui de « données » car il rend davantage compte du caractère non pré-existant et émergeant des informations qui nous intéressent.

Pour notre recherche, nous avons choisi d’adopter une approche ethnométhodologique pour analyser les interactions enregistrées sous forme de films et de traces, et pour interpréter ces interactions qui concernent la production du mode d’emploi via des (re)mobilisations d’expériences et des négociations de sens. C’est une approche qui vise à montrer que l’analyse des « ethnométhodes » (les procédures que les personnes mobilisent pour produire et « reconnaître » leur monde) renseigne sur les faires des sujets (Coulon,2002). Dans le cadre de nos mises en situation, l’activité des participants est enregistrée. Tous les participants ont leurs actions à l’écran (jeux de la vidéo origami et actions discursives : chat et éditeur de textes Drew) enregistrées par un logiciel de capture d’écran. Leurs actions discursives sont par ailleurs tracées par Drew lui-même. Certains participants sont également filmés en plan large, de manière à voir leur visage et leurs mains sur les périphériques.

Nous décrivons ci-dessous les mises en situation que nous avons menées avec l’aide de Céline Rossetti, John Bouvery et Greg Dyke, stagiaires de master recherche en sciences cognitives et en informatique pendant l’expérimentation.