Annexe 4 : Liens entre questionnaires, entretiens et notre analyse réalisée

Dans nos analyses, nous n’avons pas parlé des questionnaires et des entretiens avec les participantes. Nous voulons ici apporter quelques éléments de mise en relation de ces informations avec notre analyse de l’activité.

Examinons premièrement ce que nous pouvons dire des questionnaires remplis par Yildun et Rastaban après l’activité et les entretiens menés avec elles. Des questionnaires remplis par les participantes, voilà ce qu’il est ressorti des points concernant les retours arrière dans les espaces et l’utilisation de l’historique du chat. Pour le chat, R a affirmé être revenue en arrière pour « confirmer les choses déjà dites et ne pas se perdre en chemin ». Yildun a quant à elle déclaré être revenue en arrière « une fois pour récupérer une idée concise proposée plus haut ». À propos de l’éditeur de textes, R a écrit avoir utilisé le retour arrière pour « effacer des choses et préciser ». Y a elle exprimé avoir utilisé le retour arrière « une fois pour annoncer, à la manière d’un titre, l’objet de ce mode d’emploi ». Nous voyons que les participantes ne parlent pas dans les questionnaires des copier-coller qu’elles ont faits entre espaces, et qu’elles ne formulent pas de remarques quant à aux types de traces telles que nous les avons définies par les propriétés. Voyons le contenu des entretiens, dans lesquels nous sommes revenue sur les questions du questionnaire en faisant préciser les réponses, en les reprenant avec les participantes. Concernant le chat, voilà la réponse de R quant au fait d’avoir fait des retours arrière « Oui oui, pas mal… Pour savoir où on en est dans la conversation parce que…des fois y’a des choses qui étaient déjà dites et euh…on a essayé de les redire. Et des fois c’était pour plus préciser, parce que y’avait des choses qui étaient, euh… oui vraiment pour le pliage, parce que des rôles on en a pas vraiment définis, c’était vraiment pour le pliage, la façon de procéder…  Ouais ouais. Je suis revenue pas mal en arrière pour voir ce que la personne elle avait déjà dit en fait.». Nous voyons que R évoque cette fois davantage le fait d’avoir utiliser les traces comme ressources pour mener la rédaction, pour reformuler ou pour préciser des énoncés. Par ailleurs, elle dit avoir « pas mal » utilisé ces retours arrière, ce qui nous donne une indication sur la part de l’activité passée à ces retours arrière, exprimée comme étant plutôt importante par R. Enfin, elle déclare avoir fait ces retours arrière pour se référer aux productions de sa partenaire. Elle ne mentionne pas de retours pour voir ses propres productions. Toujours quant au chat, Y s’est exprimée en ces termes « Ouais donc une fois...pour revoir une proposition de texte qu'on avait fait un peu plus haut...qui était pas mal concise. Sinon on a fait au fur et à mesure. ». Nous voyons que Y mentionne elle un seul retour, et concernant une production dont elle ne précise pas la rédactrice. Par « proposition », elle entend peut-être une suite d’énoncés entre R et elle. Elle précise aussi le motif de ce retour en disant qu’il s’agissait de revoir une proposition qui était « pas mal concise ». Nous comprenons cela comme le fait que la concision a été une qualité recherchée des énoncés. Concernant l’éditeur de textes, R a répondu en ces termes à notre demande de précisions sur les retours arrière qu’elle a pu y effectuer : « Ouais parce qu’à un moment on a effacé un bon morceau et après on a tout ré-écrit et en fait ouais, avec le chat on a …On était plus, le chat c’était vraiment le brouillon, on écrivait pas mal de choses et après quand c’était prêt dans le chat on a mis sur l’autre. Voilà ouais. La personne en face c’est elle qui s’en chargeait, de copier coller ou de réécrire en fait. Moi j’ai pas forcément beaucoup écrit sur la partie euh… Parce que ça manquait de précisions en fait, il manquait des passages, et aussi on était pas mal imprécis. Ben y’a eu beaucoup de doutes. On y a mis comme ça après on sur le chat, on s’disait mais ça va pas en fait, est-ce que c’est vraiment compréhensible, on s’est mis à la place en fait, de celui qui lisait le mode d’emploi. ». Nous relevons que R parle ici du chat comme un espace de brouillon et l’éditeur de textes comme un espace recevant des productions plus abouties. Elle en parle de manière explicite, et également en abordant le fait d’avoir investi les espaces avec des productions plus ou moins élaborées et compréhensibles Elle aborde aussi les rôles qu’elles ont pris durant la rédaction. Pour l’espace éditeur de textes, Y revient sur ses réponses dans le questionnaire en déclarant : « On a inséré vers le milieu. Un espèce de titre pour annoncer un peu de quoi il s'agissait, de quoi on avait besoin comme matériel, une feuille quoi. Et sinon on est pas revenu en arrière parce qu'on a pas rempli l'éditeur en entier donc de toute façon on avait tout le temps tout qui était...[quel type de modifications ?] Organiser un peu la mise en page. » Nous voyons que Y revient quant à elle sur le motif du seul retour arrière qu’elle a signifié par avant. Il s’agit d’un retour arrière pour modifier ce qui est dans l’éditeur et non pour y « piocher » des éléments pour la suite de la rédaction.

De ces différentes réponses de Yildun et Rastaban aux questionnaires et entretiens, voilà ce que nous pouvons dire pour apporter quelques éléments supplémentaires de compréhension de leur activité. Elles n’ont pas évoqué de différences dans les retours arrière selon le chat ou l’éditeur, ni mentionné l’espace que nous avons appelé chat privé. Nous ne sommes pas étonnées, mais nous notons tout de même ce point, et le fait aussi que ce soit le cas pour les deux participantes. Pour le chat, elles n’ont évoqué que des retours arrière consultatoires. Certes elles ne pouvaient pas en modifier l’historique, mais elles y ont fait des opérations de collage dont elles n’ont pas parlé. Pour l’éditeur, elles ont en revanche parlé des retours arrière opératoires, pour modifier le contenu de l’éditeur. Il nous semble que pour les retours dans l’éditeur, la question a peut être été comprise comme se rapportant à des retours ascenseur, et non comme le fait d’avoir consulté ou opéré sur ce qui a déjà été produit. Elles n’ont pas non plus évoqué les collages effectués, une fois dans l’extrait deux, et une fois vers la cinquante deuxième minute. R a par ailleurs évoqué le fait qu’elle a regardé l’historique du chat pour y voir les productions de sa partenaire. Y a quant à elle mentionné les retours arrière dans les deux espaces pour y revoir les productions conjointes, comme R pour les retours dans l’éditeur. Il nous semble en tous les cas intéressant de lier ces réponses à notre analyse de leur activité, pour mettre en évidence le contraste entre ce qu’elles ont exprimé et ce que nous avons analysé. Nous interprétons ce contraste comme à la fois lié au fait que nos questions de questionnaire et d’entretiens étaient extrêmement partielles, et aussi au faut qu’il est très difficile d’expliciter a posteriori son activité, surtout dans un niveau de détail similaire à celui de nos analyses.

Voyons deuxièmement ce que nous pouvons dire des liens entre nos analyses et le mode d’emploi produit par Yildun et Rastaban. Nous le présentons ci-dessous en encadré.

Premièrement, nous voyons que nos analyses ne se rapportent qu’à la rédaction de la phrase d’introduction et la première étape du mode d’emploi. On voit dans le mode d’emploi finalisé que le « on » de la fin de la première étape, analysé dans l’extrait trois, n’a pas été modifié par les participantes et est resté dans le mode d’emploi. On voit que par contre, le reste du mode d’emploi est marqué par un vouvoiement et conjugué à la deuxième personne du pluriel.