2. Sur l’enfermement

Nous évoquerons successivement trois ouvrages : L’enfermement, espace temps clôture d’ A. Escobar Molinar, Les ensevelis vivants de M. Gagnebin et Le vampirisme de P. Wilgowicz.

2.1. L’enfermement, espace temps clôture d’ A. Escobar Molinar

A. Escobar Molinar a étudié les effets de l’enfermement sur le moi dans deux espaces clos, l’espace monastique et l’espace carcéral et comparé deux populations, l’une ayant choisi volontairement l’enfermement – les moines –, l’autre en ayant encouru le risque – prisonniers politiques. Il s’est tout particulièrement attaché à interroger « l’aventure [...] de l’illusion et de la désillusion, à travers notamment les processus de sublimation. Nous trouvons de nombreux points communs avec notre recherche comme en témoigne ses hypothèses :

« - Le processus que je constate à l’intérieur de ces espaces clos serait le même.

- Ce qui permettrait d’engager ce processus à l’intérieur de ces espaces serait le télescopage de l’espace et du temps, s’immobilisant et produisant un espace miroir où l’initié plongerait pour se regarder et dont l’institution profiterait pour l’assujettir.

- Le prisonnier, comme le moine, dans la régression due à l’enfermement, plongeraient au fond du puits, pour répondre à leur idéal et pour réaliser que leur enfermement, leur idéal et le but de ces institutions qui les enferment pourraient se rejoindre, se négocier ou se dévier.

- En parcourant ces univers et en décrivant leur parcours les enfermés décriraient leur espace intérieur, son fonctionnement, le travail qui s’exerce et ses topographies.

- Par ces topographies, ils raconteraient leurs topiques, organiseraient leur discours, et chercheraient à redécouvrir l’objet de leur nostalgie.

- Par le vide vécu, par l’expérience d’une extrême représentativité de soi, quelques uns dépasseraient leurs idéaux, leurs attachements et redécouvriraient une réalité autre » (1989, pp. 33-34).

Outre le rapport à l’espace-temps de la clôture, au corps propre, à la régression, à la dépersonnalisation, se trouve notamment interrogée la question du narcissisme à travers le lien entre enfermement et spécularité.

Pourtant, si l’auteur est psychologue clinicien et se propose de réaliser le projet d’une Clinique de l’enfermement, l’orientation théorique s’avère assez éclectique et l’approche tant sociologique que psychanalytique.