1.2.2. Un chercheur pour libérer des détenus ?

Ce fantasme de pouvoir trouver en prison une clé pour écrire s’articulait en effet à un autre fantasme ; j’avais en tête que je pouvais procurer aux détenus un moyen d’évasion efficace : l’écriture. Mon intervention s’est ainsi organisée autour d’un double fantasme : me libérer et libérer les détenus par l’écriture.

Je savais certes, que je touchais là à une problématique personnelle, néanmoins je ne pouvais ignorer que j’avais aussi porté une part de l’utopie propre aux institutions totalitaires, pour lutter contre les angoisses de perte d’humanité que l’univers carcéral ne manque pas de faire naître.

Il s’agissait avant tout de pouvoir travailler ce fantasme sur la scène psychique pour qu’il ne soit pas précipité sur la scène réelle dans un passage à l’acte, pour que l’invitation à écrire ne soit pas vécue comme incitation à la décharge pulsionnelle incontrôlée et incontrôlable. Nous verrons qu’il n’a pas toujours été facile de s’en tenir à cette position et que je me suis parfois trouvée paralysée dans ma capacité de penser.

Mais voyons maintenant ce qu’il en est du côté des détenus et de ce fantasme de trouver par l’écriture une issue à l’enfermement.