1.4. L’ouverture du dispositif à d’autres cliniques.

C’est du côté d’une « écriture de l’extrême », celle d’écrivains pour lesquels l’écriture est une nécessité vitale, mais aussi du côté d’un « enfermement extrême » – qui comporte un risque létal – celle de sujets ayant écrit après avoir vécu l’expérience concentrationnaire, que je me suis tournée pour penser ma clinique carcérale ; les premiers s’enfermant pour écrire, les seconds écrivant semble-t-il pour « s’en sortir », c’est-à-dire pour tenter d’élaborer quelque chose du traumatisme vécu.

A priori, la clinique « carcérale » concernant des détenus rencontrés en Maison d’Arrêt devait en effet constituer ma clinique principale. Dans le prolongement de celle-ci, je me suis proposée d’étudier le roman autobiographique d’un ancien détenu de droit commun devenu écrivain.

Les deux autres cliniques, celle de « l’auto-enfermement », l’autre « concentrationnaire », reposant exclusivement sur un corpus littéraire et des données biographiques, constituent également une clinique in vitro.

La clinique « concentrationnaire » et la clinique de « l’auto-enfermement » me permettront de porter successivement l’éclairage sur l’écriture dans sa forme la plus achevée – mais toujours en lien avec l’enfermement –, et sur un enfermement extrême – toujours en lien avec l’écriture. L’objet de ces analyses vise dans un premier temps à valider mes hypothèses dans la mesure où ce corpus littéraire me permettra d’accéder à une compréhension plus en profondeur des enjeux psychiques qui lient écriture et enfermement. Dans un second temps, il s’agira de mieux appréhender la réalité psychique des sujets de cette « clinique carcérale » dont le matériel s’avère assez peu élaboré, de manière à pouvoir évaluer l’intérêt de leur proposer, dans une visée thérapeutique, un outil médiateur comme l’écriture.

Avant d’entrer plus dans le détail de chacune de ces trois cliniques, il me faut poser quelques préalables méthodologiques.