3.1.1. Pourquoi trois catégories d’enfermement ?

C’est en effet à partir de la catégorie d’enfermement que nous avons choisi nos différentes cliniques :

  • clinique de l’enfermement carcéral,
  • clinique de l’enfermement concentrationnaire
  • clinique de l’auto-enfermement.

Je rappelle que je suis partie du constat que certains sujets entraient en écriture à partir du moment où ils étaient enfermés – clinique de l’enfermement carcéral – d’autres écrivaient après avoir vécu un enfermement extrêmement traumatique – clinique de l’enfermement concentrationnaire –, et d’autres encore s’enfermaient volontairement pour pouvoir écrire – clinique de l’auto-enfermement.

Le rapprochement de ces trois cliniques s’est opéré sur la base de trois éléments communs : l’enfermement, l’écriture, le vécu de déshumanisation.

Mais c’est principalement à partir des différences entre ces cliniques, qui jouent comme autant de variations du thème écritures et enfermements, que j’ai pu mettre au travail mes hypothèses de manière pertinente :

  • enfermement subi/auto-enfermement,
  • enfermement simple privation de liberté/enfermement extrême comportant un risque létal,
  • déshumanisation et enfermement subi/déshumanisation -et auto-enfermement,
  • traumatisme et enfermement subi/traumatisme et auto-- enfermement,
  • traumatisme primaire et traumatisme second,
  • écriture sollicitée/écriture spontanée,
  • écriture artistique/écriture artisanale,
  • écriture dans l’enfermement/écriture de l’après-enfermement,
  • écriture dans l’enfermement/écriture sur l’enfermement.

Ces variantes me permettront de visiter toutes les articulations possibles et les objets intermédiaires que mes matériels de thèse donneront à entendre.

De plus, si je retrouve les mêmes processus à l’œuvre dans des contextes d’enfermement aussi différents – points communs concernant la fonction psychique de l’écriture, mêmes productions fantasmatiques, etc. – et surtout quand l’enfermement n’est pas imposé du dehors, c’est donc que l’enfermement est imposé du dedans.