1. Sur les fantasmes originaires

Partons de la définition classique de J. Laplanche et J. B. Pontalis, extraite du Vocabulaire de la psychanalyse (1967) : « Structures fantasmatiques typiques (vie intra-utérine, scène originaire, castration, séduction) que la psychanalyse retrouve comme organisant la vie fantasmatique, quelles que soient les expériences personnelles des sujets ; l’universalité de ces fantasmes s’explique, selon Freud, par le fait qu’ils constitueraient un patrimoine transmis phylogénétiquement ».

Les auteurs ont proposé de définir les fantasmes originaires comme des réponses au questionnement sur les origines ; origine de la sexualité pour le fantasme de séduction, origine du sujet pour le fantasme de scène primitive, origine de la différence des sexes pour le fantasme de castration. Car, « comme les mythes collectifs, ils prétendent apporter une représentation et une « solution » à ce qui pour l’enfant s’offre comme énigme majeure » (1967,157-159).

Les fantasmes ont pour fonction de lier et d’élaborer des vécus traumatiques. Pour J. F. Rabain, ils ont un rôle organisateur de la sexualité humaine. Ils viennent ordonner le chaos et donner au monde des perceptions leur organisation symbolique (1991, p. 1116).

Autrement dit, les fantasmes révèlent la manière dont l’enfant théorise, à partir de sa sexualité infantile, quelque chose de l’expérience de sa rencontre avec les objets significatifs de son histoire.

Une place centrale est donnée par nombre d’auteurs, au fantasme de scène primitive comme organisateur du psychisme humain. Ainsi J. C. Lavie précise-t-il : « Pour tout homme, la forme sous laquelle il aura intégré la scène de sa conception deviendra comme le paradigme de sa relation au monde. Ce qu’en toute ignorance de cause chacun aura fait de sa lointaine origine commandera l’accès à tout ce qui lui aura préexisté et, notamment, pèsera sur l’acquisition des connaissances et le rapport au savoir. La scène primitive, à travers le sort qui lui est fait, a tout pour organiser jusqu’à la faculté même de penser » (1992, p. 21).