3.3.2. Fantasme de toute-puissance et enfermement dans le Claustrum

Le déni du temps comme celui de la mort est à relier à l’identification projective pathologique qui fait entrer le sujet dans le claustrum.

3.3.2.1. L’entrée dans le claustrum : toute-puissance et contrôle des échanges avec le monde extérieur

J. Bégoin en s’étayant sur la pensée de D. Meltzer note que « l’identification projective entraînerait le sujet dans une aire fantasmatique et géographique où le temps n’existe pas, à la manière dont S. Freud a dit que le temps n’existe pas dans l’inconscient » (1994, p. 108).

La perception particulière du temps et de l’espace chez M. Proust et F. Kafka rend compte de leur difficulté à accéder à la représentation d’un monde pluridimensionnel. Il semble que certaines parties de la psyché soient restées à une organisation bidimensionnelle (relation au temps circulaire et indistinction entre espaces internes et externes) voire même unidimensionnelle (relation à un temps spatialisé) du fait d’une faille dans la relation contenant-contenu, d’où un fantasme de retour in utero lié à un sentiment de toute-puissance. Toute-puissance qui vise manifestement à contrôler les échanges avec le monde externe.

Ce fantasme de toute-puissance correspond encore à un fantasme de peau commune ; il est lié au mécanisme de l’identification projective pathologique que nous avons déjà étudié, signe l’accession d’une partie de la psyché à la tridimensionnalité et à un temps vectorisé (du passé vers un présent puis un futur).

Le sujet n’a pas pu construire son identité, il va être la proie d’éprouvés corporels étranges. On peut se poser la question de savoir si toutes les métamorphoses présentes dans l’œuvre de F. Kafka ne relèvent pas d’une faille de la constitution de la distinction animé/inanimé, humain/non humain.

Nous avons également pu observer chez nos deux écrivains, des indices d’une relation encore trop adhésive aux objets, ce qui témoigne d’une difficulté à introjecter l’objet. Dans ces conditions, où l’objet est plus incorporé que valablement introjecté, l’identité propre du sujet ne peut pas s’établir.

Il est vital pour le sujet de maintenir son fantasme de toute-puissance, il en va de sa survie psychique.