Chapitre 3. Clinique de l’enfermement carcéral

1. L’enfermement intra muros

1.1. Problématique de l’enfermement carcéral

Ce n’est pas exclusivement l’univers propre à l’enfermement – volontaire ou subi – qui déshumanise ; cet enfermement second réactiverait les traces d’un vécu primaire d’enfermement, d’étouffement et de non accès à une subjectivité humanisante : il nous faut maintenant reconsidérer pour la troisième fois cette hypothèse en la mettant à l’épreuve de la clinique de l’enfermement carcéral.

J. Semprun et P. Levi comme M. Proust et F. Kafka, cela est apparu assez nettement, ont vécu un enfermement, un étouffement premier dans la relation à l’objet maternel qui par un effet d’après-coup a rendu l’enfermement second particulièrement traumatique. Ou plutôt « autrement » traumatique, dans la mesure où cet enfermement va avoir des fonctions particulières et s’accompagner de fantasmes spécifiques. Mais aussi et surtout parce qu’il conduit à l’écriture.

Comme pour les sujets de la clinique concentrationnaire et de l’enfermement volontaire, nous pouvons nous poser la question de savoir si ces sujets détenus n’auraient pas mis en place des solutions par rapport à des zones traumatiques primaires.

Ici encore, nous ne pouvons pas a priori postuler que l’enfermement représente une solution anti-traumatique puisque les détenus n’ont pas choisi d’être enfermés ; qu’ils ont été incarcérés suite à des conduites délictuelles ou criminelles. Sauf, à considérer qu’ils sont dans la logique des « criminels par sentiment de culpabilité » tels que les évoque Freud (1916).

Il nous faut donc d’abord envisager le statut et les effets de l’enfermement pour cette catégorie de sujets.