1.2. Statut et effets de l’enfermement carcéral

L’enfermement carcéral a certes des effets dommageables sur le sujet, plusieurs médecins ont assez récemment fait état des conditions encore inhumaines d’incarcération ; D. Gonin, notamment, qui dénonce la perte des repères dans l’espace et le temps, la négation de l’intimité, le retrait de la parole pour le détenu, va jusqu’à dire que « la vie carcérale présente tous les symptômes que l’on prête à la tumeur cancéreuse et aux cellules qui la composent » (1991, p. 52).

Mais comme pour les sujets de la clinique concentrationnaire, nous pensons quel’échec du système défensif mis en place par le sujet tient une place importante dans la dimension traumatique générée par l’enfermement.

Ainsi, pour les détenus de droit commun, les conduites anti-sociales représenteraient une solution défensive par rapport aux zones traumatiques primaires. C’est pourquoi nous avions proposé cette sous-hypothèse :

L’enfermement subi venant annihiler le système de défense – système en étayages sociaux pour la clinique concentrationnaire, en anti-socialité pour la clinique carcérale – organisé pour lutter contre un traumatisme primaire clivé, le sujet serait confronté à la menace d’un retour catastrophique de ses expériences traumatiques antérieures clivées de la psyché.

Et dans la même logique que la clinique concentrationnaire, nous aurions :

  • un traumatisme primaire,
  • une défense par clivage,
  • une défense contre le retour de l’état traumatique clivé : les comportements anti-sociaux,
  • l’échec de ce système défensif du fait de la mise en détention,
  • la mise en place d’une défense substitutive : un auto-enfermement dans l’enfermement imposé.

Il nous faut alors, comme nous l’avons déjà fait pour nos précédentes cliniques, distinguer plusieurs formes d’enfermement : un enfermement physique qui met en échec le système défensif, un enfermement psychique qui révèle un vécu de mal-être antérieur à l’enfermement carcéral et enfin un enfermement traumatique primaire dans la relation à l’objet maternel et à son environnement.