1.3. Entretiens avec Cyril.

Cyril est âgé de vingt-cinq ans. Quand je le rencontre, il est déjà depuis huit mois en détention pour vol à main armée.

Abandonné à sa naissance par sa mère, il est confié à l’assistance publique. Le père, alors nformé de sa paternité, reconnaîtra l’enfant vingt jours plus tard. C’est la tante paternelle qui élèvera Cyril avec ses cinq enfants jusqu’à l’âge de ses sept ans ; son père venant le voir tous les mercredis et samedis. Ensuite, il ira vivre chez ce dernier.

Dès l’adolescence, il commence à se droguer – toujours avec des produits de substitution – ; il relie très bien la toxicomanie avec son mal-être : « je n’allais pas bien ».

Cyril me dira qu’il n’a pas eu le sentiment de vivre dans une « famille normale », qu’il ne s’est pas senti traité comme ses cousins. Il semble conscient de n’avoir pas eu suffisamment de limites de la part de son père et me décrit l’escalade dans laquelle il est pris : mobylette, moto puis voiture, conduite sans permis et sans assurance.

Il a une formation initiale dans la restauration, il n’a vécu juqu’à présent que de « petits boulots ». C’est d’ailleurs accablé de dettes et contraint d’entamer une procédure de surrendentement, qu’il décide avec la complicité de son beau-frère de braquer un supermarché.

J’apprendrais encore que Cyril a eu un fils – âgé maintenant de quatre ans – d’une femme dont il est séparé et avec laquelle il reste en conflit. Sa nouvelle compagne est mère d’un garçon de douze ans ; ils l’élèvent ensemble.