Annexe 2. La clinique groupale : l’atelier d’écriture.

Quand j’arrive vers la petite salle qui nous a été affectée par l’administration pénitentiaire pour l’atelier d’écriture, l’infirmière en chef de l’UCSA, une femme très chaleureuse que j’ai rencontrée plusieurs fois, m’attend déjà. Elle est en grande discussion avec un homme d’âge mûr, et aussitôt elle s’interrompt pour me présenter son interlocuteur : Monsieur X qui a beaucoup voyagé ; elle m’explique que X a la gentillesse de lui préparer un itinéraire pour un séjour en Andalousie qu’elle fera cet été. L’homme a manifestement l’air très sympathique, il semble à l’aise et s’exprime avec une certaine emphase qui m’intimide un peu. J’imagine aussitôt qu’il a été chargé de co-animer l’atelier avec moi. (J’avais demandé qu’une personne puisse intervenir dans le groupe, mais jusqu’à présent en raison de manque de personnel l’été, cela n’avait pas pu être envisageable.) Je me sens un peu vexée de ne pas avoir été prévenue de sa présence, mais je n’en dis rien. Lorsque me retrouvant seule avec lui, tout en attendant les participants, je lui demande quelles sont ses fonctions dans la maison d’arrêt, il me répond qu’il est le « Bernard Tapie » de la Talaudière. Je comprends alors seulement qu’il est incarcéré et qu’il s’est inscrit à l’atelier comme les autres détenus.