I. L’origine gestuelle du langage

Il est remarquable et presque banal de constater que les échanges verbaux chez l’homme s’accompagnent de gestes. Ces gestes manuels semblent ainsi étroitement corrélés au langage humain, formant une composante visuelle qui fournit un complément ou un supplément d’information aux locuteurs (Corballis, 1999 ; Goldin-Meadow et al., 1993 ; Goldin-Meadow, 1999 ; McNeill, 1992). En l’absence de stimulus sonore, l’on se surprend en effet à jauger l’intensité du discours d’un individu en évaluant l’amplitude et la fréquence de ses gestes. La présence de tels gestes coverbaux dans toutes les langues et cultures (Feyereisen & de Lannoy, 1991 ; Iverson & Goldin-Meadow, 1998), mais aussi avant le développement du langage chez les enfants (Acredolo, 1988 ; Bates, 1976), laisse penser qu’il s’agisse là de l’expression d’un lien enraciné entre motricités manuelle et orofaciale. Quelle est donc la place de la motricité manuelle dans l’évolution du langage et dans l’apparition du langage verbal ?