I.3. Conclusion

Un scénario d’évolution progressive des gestes manuels vers le langage parlé semble envisageable (Corballis, 2005 ; Gentilucci & Corballis, 2006). Les changements nécessaires à l’émergence du langage oral se seraient produits tardivement au cours de l’évolution, soit durant les 100 000 dernières années. Attendu que le langage ne soit probablement pas apparu si tard ni de manière soudaine, tout laisse penser que la communication de nos ancêtres était initialement basée sur les gestes manuels puis orofaciaux, les sons vocaux ayant été graduellement introduits pour finalement devenir le principal moyen de communication. Cette prédominance de la communication vocale sur la communication manuelle aurait donné naissance à un essor technologique sans précédent, ayant permis à l’Homo sapiens sapiens de supplanter ses ancêtres. En dépit du caractère attrayant de cette hypothèse d’une origine motrice du langage, aucune preuve directe d’une communication purement manuelle ne peut pourtant être apportée. Dans les années 90, cette hypothèse a toutefois trouvé un écho chez les chercheurs en neurosciences cognitives, avec la découverte, dans le cortex prémoteur de singe, des « neurones miroir » (di Pellegrino et al., 1992 ; Gallese et al., 1996 ; Rizzolatti et al., 1996a). La suite de cette introduction sera consacrée à la description de ces neurones, dont les auteurs supposent qu’ils constituent le fondement du langage humain (Rizzolatti & Arbib, 1998). Nous nous attacherons également à présenter les preuves de l’existence d’un tel «  système miroir » chez l’homme.