Système miroir et outils

Si le système miroir a jusqu’à présent été étudié à travers l’observation d’actions nécessitant une interaction directe entre la main et l’objet cible, un travail récent s’est attaché à déterminer s’il répondait également à l’observation d’actions réalisées à l’aide d’outils (Järveläinen et al., 2004). Comme nous l’avons précédemment mentionné, ce n’est que récemment qu’une décharge des neurones miroir de l’aire F5 simienne a été mise en évidence lorsque le singe observait l’expérimentateur saisir un objet avec un outil, pourvu qu’il soit suffisamment entraîné à observer ces actions (Ferrari et al., 2005) ; les premières études menées chez l’homme n’ont donc logiquement pas considéré ce point. Cependant, les hommes étant habitués, dès l’enfance, à utiliser des outils mais aussi à observer leurs congénères utiliser ces mêmes outils, Järveläinen et al. (2004) ont formulé l’hypothèse selon laquelle le système miroir humain puisse être impliqué dans la reconnaissance d’actions effectuées avec des outils. Une activation des aires motrices et prémotrices lors de l’observation d’outils manipulables a d’ailleurs été rapportée dans plusieurs études (Chao & Martin, 2000 ; Martin et al., 1995, 1996 ; Perani et al., 1999a), suggérant que le cortex prémoteur stocke des représentations liées aux propriétés intrinsèques de ces objets. Les auteurs (Järveläinen et al., 2004) ont examiné le rebond de post-stimulation à 20 Hz lorsque des sujets sains observaient des mouvements de préhension d’objets avec des outils (baguettes chinoises) ou avec la main, ainsi queles mimes de ces mouvements réalisés avec les outils (i.e. en l’absence d’objet ou sans toucher les objets). Ces conditions d’observation étaient comparées à une condition d’exécution dans laquelle les sujets manipulaient les objets avec la main. Les auteurs ont décrit la classique suppression du rebond à 20 Hz lors de l’exécution des actions, mais plus intéressant, une diminution de ce rebond lors des 3 conditions d’observation, que l’objet soit saisi avec la main ou avec un outil, et que les actions soit dirigées ou non vers l’objet (l’effet était toutefois plus prononcé lors d’une interaction entre l’outil et l’objet cible). Ces résultats suggèrent donc que le « vocabulaire d’actions » présent dans le système miroir de l’homme se soit étendu à l’utilisation d’outils, dont nous faisons l’expérience dans la vie quotidienne. Le système miroir des primates humains, mais aussi non humains, serait ainsi capable de généraliser le but d’une action, quel que soit l’effecteur utilisé.