III.4. Conclusion

Un nombre croissant d’études atteste de l’existence de liens fonctionnels spécifiques entre les systèmes du langage et de l’action. Ainsi, la production mais aussi la perception, auditive ou visuelle, de langage affecte l’état du système moteur, que ce soit directement au niveau de la performance motrice ou indirectement via son excitabilité. Bien qu’une seule étude d’imagerie cérébrale ait jusqu’à présent tenté de préciser la localisation des aires corticales impliquées dans ce partage des représentations motrices et linguistiques (Watkins & Paus, 2004), il semble que l’aire de Broca constitue la source idéale des interactions observées. L’ensemble de ces données supporte donc l’hypothèse d’une évolution du langage à partir d’un système de communication initialement basé sur la motricité manuelle, mais aussi celle de l’existence d’un mécanisme de résonance entre perception et production linguistiques.

Comme nous l’avons décrit au travers des études comportementales ayant évalué l’influence du sens des mots sur la motricité manuelle fine (Gentilucci et al., 2000 ; Gentilucci, 2003b), le traitement des adverbes et des verbes, se référant communément à des actions, affecte sélectivement la performance motrice. Les représentations lexicales et sémantiques des verbes, et plus généralement des mots désignant des actions, pourraient alors être distribuées, outre dans les aires définies comme les centres du langage, dans le système moteur impliqué dans la réalisation et la reconnaissance de ces actions. Les travaux que nous présenterons dans la suite de cette introduction se sont attachés à tester cette hypothèse, en examinant les patterns d’activation corticale lors du traitement de ce que nous appellerons les « mots d’action ».