IV.2.3. Les prédictions

Quatre grandes prédictions sont avancées par l’auteur. Premièrement, il propose, tout comme le modèle du système miroir, que la perception, auditive ou visuelle, de mots d’action recrute les aires corticales impliquées dans le contrôle et l’exécution des actions désignées par ces mots. En outre, cette activation devrait dépendre de la sémantique des mots, à savoir qu’elle devrait refléter la somatotopie du cortex moteur lorsque les mots désignent des actions réalisées avec différents effecteurs. Deuxièmement, il suggère que la propagation d’activation au sein même d’une assemblée de neurones représentant les mots d’action soit un processus rapide, de telle sorte que les aires sensori-motrices soient activées précocement lors du traitement et de la compréhension de ces mots. Troisièmement, en raison des connexions fortes liant les aires langagières aux aires motrices, il prédit que l’activation du cortex moteur soit automatique, ne nécessitant aucune attention particulière des sujets dans la tâche expérimentale en cours. Quatrièmement, les assemblées de neurones étant formées de connexions réciproques entre les aires, des changements fonctionnels au niveau des cortex moteur et prémoteur devraient se traduire par une influence spécifique sur le traitement des mots d’action.

Bien que les deux modèles – système miroir et apprentissage « hebbien » – soient construits sur des principes différents, tous deux prédisent donc un recrutement des aires corticales motrices impliquées dans l’exécution des actions lors du traitement des mots d’action. Par ailleurs, cette activation devrait suivre l’organisation somatotopique du cortex moteur et prémoteur, les mots se référant à des actions réalisées par différentes parties du corps étant supposés activer les représentations motrices spécifiques de ces effecteurs. Pour le premier modèle (Buccino et al., 2005 ; Rizzolatti & Arbib, 1998 ; Tettamanti et al., 2005), ce recrutement serait basé sur l’existence d’un système miroir de reconnaissance des actions à l’origine du langage humain. Pour le second (Pulvermüller, 1996a, 1999a, 2001a, 2005a), les corrélats neuronaux des mots d’action incluraient, par le biais d’un apprentissage, le cortex moteur. Nous présenterons les études, menées à l’aide de diverses techniques expérimentales, ayant testé les différentes prédictions de ces modèles.