VII.2. Présentation de l’étude et hypothèses

Prenant pour acquis que les effets d’AdA reflètent la manière dont sont appris et représentés les mots dans le cerveau, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle, si le traitement des verbes d’action et des noms concrets fait effectivement appel à des réseaux neuronaux partiellement distincts (Damasio & Tranel, 1993 ; Pulvermüller, 1996a, 1999a ; Pulvermüller et al., 1999bc), les effets d’AdA devraient se manifester différemment pour les deux catégories de mots (Bogka et al., 2003 ; Bonin et al., 2004 ; Colombo & Burani, 2002 ; Morrison et al., 2003). Autrement dit, les performances de reconnaissance de noms et de verbes devraient être influencées de manière différente par cette variable. Cette étude avait pour but de comparer les latences de réponse obtenues pour des noms concrets et des verbes d’action acquis précocement et tardivement, afin de déterminer si l’existence potentielle de réseaux différents de traitement de ces mots pouvait se refléter dans les performances des participants. Des profils de performances distincts pour les deux catégories de mots (i.e. coefficients directeurs différents lorsque les performances sont représentées en fonction de l’AdA) conforteraient une telle hypothèse.

Nous avons d’abord établi des estimations subjectives d’AdA pour un ensemble de verbes d’action et de noms concrets selon une procédure considérée comme un indicateur valide de l’âge d’apprentissage réel des mots (Bonin et al., 2001 ; Morrison et al., 1997 ; Annexe 2.A). Ces deux catégories différant généralement en termes d’imageabilité, des estimations subjectives de cette variable ont également été réalisées. Nous avons ensuite proposé aux participants une tâche de décision lexicale visuelle incluant des verbes d’action et des noms concrets acquis précocement et tardivement, et examiné les profils de performances (temps de réponse) pour ces mots en fonction de l’AdA.