VIII.2. Présentation de l’étude et hypothèses

Le but de cette étude était de rechercher des corrélats comportementaux potentiels aux liens unissant langage et motricité, et plus particulièrement à l’activité motrice décrite lors de la perception des mots d’action (Aziz-Zadeh et al., 2006b ; Buccino et al., 2005 ; Hauk et al., 2004b ; Pulvermüller et al., 2005b ; Tettamanti et al., 2005). La démonstration d’une réelle implication du système sensori-moteur dans la compréhension du langage nécessitait en effet de démontrer que les structures corticales motrices, activées lors du traitement des mots, sont celles impliquées dans le contrôle moteur. En d’autres termes, une implication des régions motrices participant à l’exécution des actions dans le traitement des mots d’action devrait se traduire par un pattern d’interaction spécifique lors de la réalisation concomitante d’une tâche verbale incluant de tels mots et d’une tâche motrice. Afin de tester cette hypothèse, nous avons réalisé une étude combinant des analyses de la cinématique d’un mouvement de préhension à une tâche de langage comprenant des verbes d’action et des noms concrets. Les participants devaient réaliser une tâche de décision lexicale, dans laquelle une réponse motrice originale était demandée, à savoir qu’ils devaient effectuer un mouvement de préhension uniquement si le stimulus était un mot (verbe d’action ou nom concret). Dans une première expérience, les tâches verbale et motrice étaient réalisées simultanément, alors que dans une deuxième expérience, la tâche de langage était effectuée avant le mouvement.

Dans l’hypothèse où les régions corticales motrices participent véritablement au traitement des mots d’action, et, en outre, si ces régions sont aussi celles qui contribuent au contrôle moteur, un pattern d’interaction devrait être observé entre la tâche de langage portant sur les verbes d’action et la tâche motrice. Plus particulièrement, des effets d’interférence entre le traitement des verbes d’action, par rapport aux noms concrets, et la performance motrice devraient émerger lors de l’exécution concomitante des deux tâches (Expérience 1). A l’inverse, leur réalisation consécutive (Expérience 2) pourrait conduire à des effets de facilitation du traitement des verbes d’action sur l’exécution du mouvement de préhension.