IX.4.2. Influence du traitement des mots sur l’exécution motrice : Cinématique

Au total, 34.27 % des essais ont été exclus des analyses (11.51 % pour les noms, 11.42 % pour les verbes et 11.34 % pour les non-mots ; différence non significative).

Les analyses ont d’abord montré des temps de réaction très courts (moyenne = 123 ms), quelle que soit la condition, indiquant que les sujets se préparaient efficacement à réaliser les mouvements. Ainsi, par comparaison, les temps de réaction moyens des participants dans l’Expérience 2 de notre deuxième étude (section VIII.4.3), où aucune consigne explicite de préparation ne leur était donnée, étaient de 393 ms.

Les analyses des paramètres cinématiques ont ensuite révélé un effet significatif de la catégorie des stimuli sur l’amplitude du pic d’accélération du poignet ([F (2, 32) = 4.214 ; p = .0232]). Une analyse post-hoc a permis de préciser la nature de cet effet : l’amplitude du pic d’accélération était significativement plus élevée lorsque des noms concrets étaient présentés lors de la phase de préparation du mouvement (8258 mm/s2 ±4597), en regard des verbes d’action (8059 mm/s±4333 ; p = .0360) et des non-mots (8099 mm/s±4331 ; p = .0252). Aucune différence significative n’est apparue entre les verbes d’action et les non-mots (Tableau 9.2). La Figure 9.7 illustre les profils d’accélération du poignet, normalisés entre 0 et 100 % du temps, et moyennés sur tous les items et participants 16 , ainsi que l’amplitude de ce paramètre pour les trois conditions de l’expérience.

Conformément aux résultats EEG et à l’Expérience 1 de notre deuxième étude (Boulenger et al., 2006b), des valeurs d’amplitude plus faibles pour le pic d’accélération du poignet indiquent que la perception subliminale des verbes d’action lors de la préparation motrice, en regard des noms concrets, a interféré avec l’exécution subséquente du mouvement. Là encore, l’absence de différence entre les verbes et les non-mots, mais une différence significative entre les noms et les non-mots sur ce paramètre cinématique, suggèrent que la condition contrôle ne soit pas réellement adaptée à ce paradigme.

Figure 9.7 : (a) Profils d’accélération du poignet. (b) Amplitude du pic d’accélération du poignet.

(a) Profils d’accélération du poignet (normalisés entre 0 et 100% du temps) moyennés pour les 18 participants de l’expérience, lorsque des verbes d’action (rouge), des noms concrets (bleu) et des non-mots (vert) étaient présentés de manière subliminale lors de la phase de préparation du mouvement de préhension. En normalisant les données, l’information temporelle réelle est perdue. Une unité de temps sur la figure correspond approximativement à 10 ms. Un zoom sur le pic d’accélération est présenté dans l’encadré en haut à droite de la figure. (b) Amplitude du pic d’accélération du poignet en fonction des trois conditions de l’expérience. (*) indique une différence significative entre les conditionq.

Il faut enfin noter que les différences d’amplitude des pics de vitesse et de décélération du poignet entre les trois conditions approchaient du seuil de significativité (p = .056 et p = .065 respectivement), le pattern de résultats étant proche de celui obtenu pour le pic d’accélération (i.e. amplitude tendant à être plus élevée pour les noms concrets en regard des verbes d’action et des non-mots). Aucune différence significative entre les conditions concernant les autres paramètres cinématiques mesurés n’a été mise en évidence (Tableau 9.2).

Tableau 9.2 : Latence et amplitude moyennes des pic d’accélération, pic de décélération et pic de vitesse du poignet, du pic de pince et du pic d’ouverture de pince, temps de mouvement total et temps de réaction pour les conditions « verbes d’action », « noms concrets » et « non-mots ». Les trois dernières rangées du tableau présentent les moyennes sur tous les participants (MOY), l’écart-type (SD) et les ANOVAs en mesures répétées. Les zones ombrées en gris correspondent à des valeurs de pince manquantes pour deux sujets (perte des capteurs infrarouges).
Notes
16.

La même remarque que dans notre deuxième étude s’applique ici : en moyennant les profils de mouvements, des valeurs de latence et d’amplitude du pic quelque peu différentes sont obtenues par rapport aux valeurs présentées dans le tableau 9.2 (Annexe 3.B).