IX.6. Conclusion

Dans un paradigme nouveau combinant des enregistrements EEG et cinématiques, le présent travail a permis de confirmer que le traitement des verbes se référant à des actions corporelles recrute les régions corticales motrices impliquées dans le contrôle moteur. Plus particulièrement, nos résultats ont révélé un effet d’interférence de la perception subliminale de verbes d’action, en regard de noms concrets, sur les corrélats neurophysiologiques de la préparation simultanée d’un mouvement de préhension et sur l’exécution subséquente de ce mouvement. Ainsi, le traitement des mots d’action a conduit à une réduction de la qualité de la préparation motrice, laquelle a inévitablement engendré une perturbation de la réalisation du mouvement. En outre, ces effets d’interférence sont apparus alors même que les mots n’étaient pas perçus consciemment et étaient traités de manière automatique. L’ensemble de nos données suggère donc que les représentations neuronales des verbes d’action incluent, outre les aires périsylviennes du langage, les régions corticales prémotrices et motrices de traitement de l’action elle-même. Dès lors qu’un verbe d’action est traité, consciemment ou non, les régions langagières mais aussi motrices seraient donc automatiquement et spécifiquement recrutées, de manière à pouvoir interférer avec la préparation simultanée d’un mouvement. Comme nous l’avons discuté dans le chapitre précédent, la nécessité de ces aires corticales motrices dans le traitement des mots d’action reste toutefois à démontrer. L’étude suivante, menée chez des patients parkinsoniens, aura pour but d’examiner plus précisément ce point.