X.3.2. Evaluation des patients parkinsoniens

Les patients étaient hospitalisés pour un test à la L-Dopa, lequel constituait un bilan pré-chirurgical de stimulation cérébrale profonde du noyau sous-thalamique (un patient a été opéré à l’heure actuelle, et une chirurgie est prévue en 2007 pour un autre) ou une rééquilibration de leur traitement. Leurs symptômes satisfaisaient les critères du UK Parkinson’s Disease Brain Bank (Gibb & Lees, 1988) utilisé pour diagnostiquer une maladie de Parkinson idiopathique. Aucun patient n’avait d’antécédent psychiatrique. Leur maladie de Parkinson avait débuté depuis 9.9 ans en moyenne (durée moyenne de la lune de miel = 5.5 ans) ; les patients étaient donc au 2ème stade de la maladie (i.e. fluctuations motrices). Ils présentaient une bonne dopa-sensibilité (à l’exception de P7 dont la maladie a été diagnostiquée très récemment, en juillet 2005), et étaient tous sous traitement dopaminergique (Modopar 125 et/ou 250).

Les patients ont réalisé l’expérience en deux sessions identiques au cours de la même journée : en OFF en début de matinée (à jeun de L-Dopa depuis la veille au soir), et en ON en fin de matinée (prise de 2 ou 3 comprimés de Modopar 125 18 dispersible, soit 200 à 300 mg de L-Dopa - attente de 45 min environ après la prise médicamenteuse pour effectuer la 2ème session).

Leurs performances motrices ont été évaluées par le médecin à l’aide du test UPDRS (Unified Parkinson Disease Rating Scale ; Fahn & Elton, 1987) en OFF et en ON. Cette échelle d’évaluation comporte 6 sections utilisables séparément ; dans notre étude, seule la partie III, consistant en un examen moteur de 27 items (tremblements, rigidité, akinésie, posture etc.), a été utilisée (Annexe 5.A pour un exemplaire du test). Les scores s’échelonnent de 0 pour un sujet sain, à théoriquement 108, ce score n’étant toutefois jamais atteint même chez un patient évolué. En dessous de 12, les patients sont au stade de lune de miel ; en dessous de 30, la gêne est souvent peu importante ; entre 30 et 80, la gêne fonctionnelle est par contre sévère. Les scores des patients à ce test étaient en moyenne de 33.1 en OFF (compris entre 23.5 et 44) et 16.75 en ON (compris entre 5.5 et 27), confirmant leur bonne dopa-sensibilité.

Les patients ont également été testés par l’expérimentateur à l’aide des tests neuropsychologiques suivants (en accord avec la neuropsychologue du service, Mme Klinger) :

  • l’échelle D.R.S de MATTIS (Mattis, 1973, 1988 ; Schmidt et al., 1994), échelle d’efficience cognitive globale adaptée aux démences sous-cortico-frontales. Elle comprend 22 items qui explorent l’attention, l’imitation, les praxies visuo-constructives, la mémoire et les capacités de raisonnement. Le score final est de 144, un score inférieur à 130 étant considéré comme anormal (l’interprétation doit néanmoins tenir compte du niveau culturel du patient ainsi que du score obtenu à la BREF décrite ci-dessous). Le score moyen obtenu par les patients était de 133.5 ± 4 (scores compris entre 127 et 139).
  • la BREF (Batterie Rapide d’Evaluation Frontale ; Dubois et al., 2000), qui permet d’évaluer succinctement les fonctions exécutives des patients. Cette échelle explore le raisonnement abstrait, la flexibilité mentale, les séquences motrices, la résistance aux interférences, le contrôle inhibiteur et l’autonomie environnementale. Le score maximal est de 18, un score inférieur à 15 traduisant la présence de troubles exécutifs (le score « limite » peut être descendu à 13 selon le niveau socio-éducatif des patients et selon le score obtenu à la MATTIS). Le score des patients était en moyenne de 13.6 ± 1.9 (scores compris entre 10 et 16).
  • l’inventaire de dépression BECK (IDB, Beck et al., 1961, 1979), outil donnant une estimation quantitative de l’intensité des sentiments dépressifs. Il comprend 21 items de symptômes et d’attitudes décrivant une manifestation comportementale spécifique de la dépression. Les items se présentent sous la forme de quatre propositions parmi lesquelles le sujet doit faire un choix. Des scores variant de 0 (absence de symptôme) à 3 (symptôme présent de façon intensive) sont attribués à chaque proposition selon le degré de gravité du symptôme. La sommation des items varie entre 0 et 63. Les résultats sont classés en catégories (Beck et al., 1988) : de 0 à 9, absence de dépression ; de 10 à 18, de légèrement à modérément dépressif ; de 19 à 29, de modérément à gravement dépressif ; de 30 à 63, gravement dépressif. Les patients ont obtenu un score moyen de 16.8 ± 6.4 (scores compris entre 6 et 28).

Notez que les scores minimaux aux tests de la MATTIS et de la BREF n’ont pas été obtenus par le même patient. En outre, les scores moyens des patients ne semblent pas indiquer de déficits marqués des fonctions cognitives, malgré la présence de symptômes dépressifs modérés à graves (scores compris entre 20 et 28) chez 4 patients.

Notes
18.

Le Modopar 125 est une association de L-Dopa (100 mg), le principe actif, et d’inhibiteur de la décarboxylase périphérique (25 mg), permettant à la L-Dopa de ne pas être dégradée avant d’atteindre le cerveau. 1 comprimé de Modopar 125 = 100 mg de L-Dopa.