2.3.2. Les apports de la théorie de la structuration à l’approche chaîne logistique

Tous les auteurs que nous avons cités prennent appui sur la théorie de la structuration pour comprendre la conception récursive des pratiques et de l’organisation. Ils s’opposent aux modèles déterministes qui attribuent une relation de cause à effet liant pratique et organisation, et où l’utilisation de la technologie repose exclusivement sur les caractéristiques de l’artefact. Ils reconnaissent tous que les pratiques sont construites à travers les interactions des acteurs de l’organisation.

L’approche structurationniste s’inscrit dans la même mouvance que le modèle de la traduction [Callon et Latour, 1986] en privilégiant l’analyse des interactions sociales dans la compréhension du processus d’évolution de la connaissance. On peut voir apparaître des phénomènes de co-construction entre acteurs, pratiques et organisations.

Figure 14 : Co-construction structurationiste
Figure 14 : Co-construction structurationiste

La création de chaîne logistique peut alors être décrite comme la construction d’un réseau d’association entre des entités hétérogènes, acteurs humains et non humains.

On passe d’une proposition imposée par la hiérarchie, ou par la base, à un système en constante évolution pour s’adapter aux besoins de chacun. Ainsi, cette proposition n’est jamais définitive mais en perpétuel changement.

La théorie de la structuration nous permet ainsi de mieux comprendre les phénomènes qui favorisent l’appropriation par les utilisateurs et le développement des échanges de connaissances. C’est la co-construction et l’implication de tous les acteurs qui favorisent l’appropriation. Ce phénomène est renforcé par les aspects de reconnaissances et de légitimation de la structure.

C’est à partir de la théorie de la structuration qui induit une évolution des acteurs autour de l’action (du projet) que nous allons développer une démarche de gestion des connaissances au sein de la chaîne logistique globale, prenant en compte l’action (projet), la récursivité entre l’action et les connaissances et l’interaction entre les acteurs. L’objectif organisationnel est de renforcer la dynamique de création, d’acquisition et de valorisation des connaissances et compétences, en favorisant les échanges et les coopérations inter-firmes.

La structure qui nous intéresse dans ce mémoire est la chaîne logistique. Nous avons à plusieurs reprises illustré les principes théoriques de la théorie de la structuration par des exemples issus de la chaîne logistique.

Nous allons dans la prochaine partie mettre en avant les aspects de la chaîne logistique qui nous paraissent pertinents pour proposer une démarche de gestion des connaissances au sein d’une telle structure.