Université Lyon Lumière - Lyon
Laboratoire d’Economie des Transports
Politique de transports et accès à la ville pour tous ?
Une méthode d’évaluation appliquée à l’agglomération lyonnaise
Thèse de doctorat en sciences économiques, économie des transports
Le 31 mars 2006
Sous la direction de Dominique MIGNOT
Jury :
Yves Crozet, Professeur, Université Lumière Lyon 2
Guy Joignaux, Directeur de Recherche, I.N.R.E.T.S.
Claude Lacour, Professeur, Université Montesquieu Bordeaux IV (rapporteur)
Marie-Hélène Massot, Directrice de Recherche, I.N.R.E.T.S. (rapporteur)
Dominique Mignot, Directeur de thèse, E.N.T.P.E.

Résumé

Les outils d’évaluation, utilisés en France pour éclairer les décideurs sur les politiques de transports en milieu urbain, n’intègrent pas pleinement la dimension sociale de ces politiques. Or, cet enjeu devient primordial. En s’appuyant sur l’approche théorique de Amartya Sen, l’objectif de notre thèse est de construire une méthode d’évaluation permettant de rendre compte de cette dimension, en termes d’égalité des chances d’accès aux activités de reproduction sociale. Pour ce faire, nous construisons un outil identifiant, au niveau infra-communal, les groupes sociaux et les quartiers riches ou pauvres de l’espace urbain. Puis, nous construisons un indicateur d’accessibilité à un panier de biens. Cet indicateur mesure, pour un mode de déplacement donné, pour chaque service du panier de biens et depuis le lieu de résidence, le temps maximal d’accès au nombre d’activités pour 1 000 habitants. Cet indicateur prend en compte les différents sous-systèmes de l’espace urbain.

La méthode est déclinée sur l’agglomération lyonnaise. Nous montrons, tout d’abord, l’existence entre les individus et entre les quartiers d’inégalité de chances d’accès au panier de biens en 1999. Ces inégalités procèdent principalement d’un inégal accès à l’automobile (trois fois plus performante que les transports collectifs en termes de temps d’accès au panier de biens), mais aussi de la répartition hétérogène des activités et de la qualité de l’offre en transports collectifs. L’évolution de la localisation des activités entre 1990 et 1999 met en évidence une aggravation des inégalités d’accès entre les quartiers pauvres et les quartiers riches. Tout se passe comme si les populations aisées façonnaient la division fonctionnelle du sol et la localisation des activités, au détriment des populations les plus fragiles. Nous montrons enfin qu’une amélioration forte de l’offre en transports collectifs a des impacts limités qui souvent peinent à compenser les pertes d’accessibilité dues à l’évolution de la localisation des activités.

Abstract

Assessment tools, used in France to inform decision makers on urban transport policies, do not fully integrate the social dimension of these policies. However, this issue is becoming paramount. By using the Amartya Sen theoretical approach, our PHD aim is to build an evaluation method allowing to give an account of this dimension, in terms of equal opportunity of access to the social reproduction activities. With this intention, we have built a tool that could identify, at the infra-communal level, the social groups and the rich or poor districts of an urban area. We have built a basket of goods accessibility indicator. This indicator evaluates, for a given travel mode, for each service of the basket of goods and from a residence, the necessary maximum time to access the number of activities for 1.000 inhabitants. This indicator takes into account the different subsystems of an urban area.

The method is applied on the Lyons conurbation. First of all, we show the existence of chances inequality between the individuals and between the districts to the basket of goods access, for the year 1999. These inequalities are born mainly from unequal access to the car (three times more powerful than public transport in terms of access time to the basket of goods), but also from the heterogeneous distribution of the activities and quality of the public transport supply. The changing in the activity localisation between 1990 and 1999 highlights an aggravation of the access inequalities between the poor districts and the rich districts. It seems as if the richest populations shaped the functional division of the urban space and the activity localisation, to the detriment of underprivileged populations. Finally, we show that a strong improvement in the public transport supply has limited impacts that often have difficulty compensating for the losses of accessibility due to the changing of activity localisation.

Remerciements

Ce serait un manquement de ne pas porter mon attention particulière et ma reconnaissance à toutes les personnes, qui, de près ou de loin, m’ont accompagné, m’ont soutenu et m’ont apporté une aide précieuse dans ce laborieux travail de thèse.