2.2. Les collectivités et acteurs locaux loin de l’appropriation…

Les interprétations que les collectivités territoriales et que les acteurs locaux attribuent à l’évaluation des politiques publiques ne sont pas indifférentes au fait que l’Etat impose un outil technico-administratif 19 . Même s’il y a une pratique effective de la mise en œuvre d’évaluation des projets, elle n’apparaît pas au service de l’action publique. Compte tenu de la diversité des acceptions étatiques et des faibles impacts sur la décision publique, les procédures d’évaluation ont du mal à être identifiées clairement comme une aide à la décision. « L’évaluation a séduit, naturellement, beaucoup de décideurs, car les politiques publiques sont l’objet de disputes idéologiques permanentes, d’inflation verbale, et qu’elles sont en outre instrumentalisées à des fins électoralistes, ce qui conduit évidemment, neuf fois sur dix, à des compromis bâtards. Mais l’évaluation en France n’a pas dépassé le stade de la séduction, […] ce qui fait qu’elle reste globalement un échec, du moins au niveau de l’Etat » [Crozier, 1998, p.43].

Notes
19.

Selon N. Tenzer, la dimension managériale voire technocratique de l’évaluation est apparente dans les procédures mises en place dans les années 1990. Ce constat avait déjà été établi par P. Viveret [1989]. C’est parce que l’évaluation « n’est pas conçue comme un processus politique » [Tenzer, 2001, p.39] que son appropriation connaît un retard dans les différentes administrations et collectivités françaises.