4. Maintien ou développement de la qualité des services de proximité

L’objectif communément partagé par les acteurs publics est d’améliorer la qualité de la vie des individus par la mise en œuvre d’aménagements urbains et d’une offre de services, biens ou activités en adéquation avec les besoins de la population. La pertinence des actions menées se décline, à l’échelle du quartier, en termes d’accessibilité, de diversité des biens, de polyvalence des équipements de proximité 86 ou, à une échelle géographique plus large, de développement de l’offre de transports. Ces actions tentent de considérer l’ensemble des opportunités dont les individus peuvent avoir besoin au sein des territoires dans lesquels ils évoluent. Améliorer la qualité de vie des individus revient donc à orienter la réflexion tout aussi bien sur la présence et la qualité des services, que sur la proximité des biens pour les individus ou que sur des questions d’accessibilité.

Selon F. Dansereau et M. Wexler [1989], on ne peut pas parler de qualité de vie (Encadré 15) sans aborder le cadre de vie des populations dans les quartiers. Il s’agit de se préoccuper des avantages inégaux qu’ont les populations vis-à-vis des activités, biens et services présents dans les différents territoires urbains. Un des moyens d’améliorer les conditions de vie d’un quartier est de favoriser l’accessibilité (sociale ou géographique) 87 des populations concernées aux activités. Cela est mis en œuvre, non pas par le développement systématique et sectoriel de l’offre en transports urbains, mais par une réflexion globale, tant sur l’offre d’activités, sur les besoins et l’évolution des modes de vie des individus que les questions de mobilité.

Ces réflexions découlent de la prise en considération des évolutions des modes de vie. Ces dernières révèlent une demande croissante et diversifiée d’accès aux services publics ou marchands, d’aides à domicile, de santé ou aux services disponibles pour une tierce personne. L’analyse de l’évolution des modes de vie des français, effectuée par F. Godard et al. [2001], met en exergue cette nécessité de développement de nouveaux services pour répondre aux attentes de la population. Même si ces nouveaux services représenteraient un « formidable gisement » en termes de développement économique urbain, leur absence, aussi bien au niveau spatial (localisation des activités) que temporel (différents moments de la journée) prive l’accomplissement et l’épanouissement individuel. « Bien plus encore, un déficit de cette nature reviendrait à amplifier les inégalités sociales et culturelles » [Godard, et al, 2001, p.49] entre les différentes catégories de la population.

Dans un tel contexte, la prise en compte des besoins des individus se décline par le développement de services - notamment de proximité. Ce développement devrait tendre à satisfaire la qualité de vie des populations tant sur la présence physique des services, sur leur qualité que sur leurs temporalités. L’interrogation suivante de J.-L. Laville permet, cependant, de nuancer cette affirmation : « Faut-il consacrer les moyens que la collectivité publique affecte à des services « de confort », destiné à des clientèles aux revenus élevés suivant le principe selon lequel « la dispersion des revenus favorise l’emploi » ou convient-il de favoriser plutôt les services de « base » largement accessibles ? Dans la première option, les services de proximité peuvent être à la source de nouvelles inégalités, dans la seconde option ils peuvent être un levier pour diminuer les inégalités et renforcer le lien social. » [Laville, 1998, p.4]. Cette interrogation pose alors la problématique de la caractérisation de ce que pourrait être un « égal accès aux activités » pour les individus de l’espace urbain.

Notes
86.

Les actions s’intéressent tout aussi bien aux équipements sociaux, aux services de santé, aux équipements sportifs, culturels, aux commerces, etc.

87.

L’accessibilité sociale est définie par les possibilités que peuvent avoir les différentes catégories d’individus d’atteindre, avec un ou plusieurs moyens de déplacements, les activités dont ils peuvent exprimer le besoin. Il s’agit d’une accessibilité sociale dans le sens où nous nous intéressons aux conditions d’accès des différentes catégories de population, en tenant compte des différences socio-professionnelles ou socio-économiques pouvant exister.