I. Méthodologie de mesure des disparités sociales inter-quartiers des aires urbaines

Le premier objectif de notre analyse est de mesurer des disparités inter-quartiers, sur une aire urbaine donnée, en fonction des revenus fiscaux des ménages de 2001. Cette étape est réalisée à partir de la base de données des Revenus Fiscaux des Ménages de l’année 2001, sur les découpages territoriaux en IRIS-2000 et en communes, publiée par l’I.N.S.E.E. et la D.G.I. [2004(a)]. Les revenus fiscaux correspondent à l’ensemble des ressources déclarées par les contribuables sur la « déclaration des revenus », avant tout abattement. Cette base de données fournit les déciles de revenu par unité de consommation (U.C.), qui décrivent la distribution des revenus par tranches de 10% des personnes 92 . Ce qui permet de tenir compte des économies d’échelle liées à la vie sous un même logement des personnes du ménage.

Cette base de données nous permet donc de connaître la répartition de la population de chaque quartier, de chaque commune ou de chaque aire urbaine, en dix classes de revenus, qui correspondent aux déciles de revenus. Il est alors possible de caractériser, en même temps, les disparités de revenu à l’échelon des quartiers et la distribution intra-quartiers de la population au regard des déciles de revenu d’une aire urbaine.

Néanmoins, il est difficile de rendre compte des disparités inter-quartiers des revenus en comparant directement les déciles de revenu par unité de consommation de chaque quartier – ou IRIS. Nous avons donc choisi de rapporter la répartition de la population de chaque quartier en fonction des déciles de revenu de l’ensemble de l’aire urbaine. Ceci permet d’apprécier, dans une certaine mesure, le « degré » [Grafmeyer, 2000, p.43] de pauvreté ou de richesse de la population de ce quartier, relativement au cadre de l’aire urbaine (Tableau 11). Comme le rappelle Y. Grafmeyer [2000, p.43], cela « signifie simplement que les diverses catégories sociales sont [dans ces quartiers] plus ou moins nettement sur- ou sous-représentées ». Cette répartition permet donc de comparer le profil d’un quartier, d’une part, au profil de l’aire urbaine (le référentiel d’analyse) et d’autre part, aux profils des autres quartiers de l’aire urbaine étudiée. Nous soulignons, comme J.-C. François et al. [2003, p.7], que l’intérêt d’étudier la répartition de la population en déciles de revenu par unité de consommation de l’aire urbaine, est de « conserver la distribution au sein des IRIS des revenus, ce que ne permettent pas d’autres indicateurs plus synthétiques ».

Ainsi, si dans un quartier donné, on observe un pourcentage quasiment identique de personnes dans chaque décile de revenu, le profil du quartier est proche de celui de l’aire urbaine. A l’inverse, plus la répartition des personnes est inégale, plus le profil du quartier s’éloigne de la distribution valable pour l’ensemble de l’aire urbaine.

Tableau 11 : Répartition des personnes de chaque IRIS selon les déciles de revenu par unité de consommation de l’aire urbaine

Sources : [François et al, 2003].

A titre d’exemple, nous présentons la répartition de la population de trois IRIS de l’aire urbaine de Lyon. Ces exemples montrent les degrés de disparités existant entre les IRIS : degré de pauvreté ou de richesse (Figure 3).

Le quartier Pasteur de Bron rassemble, sur chacune des classes de revenus par unité de consommation de l’aire urbaine, environ 10% de sa population. Son profil est donc proche de celui de l’aire urbaine. Le quartier Vitton du 6ème arrondissement de Lyon peut être qualifié de « quartier aisé » de l’aire urbaine de Lyon. Il concentre 40% de sa population sur les deux derniers déciles de revenu par unité de consommation de l’aire urbaine (tranches de revenus les plus élevées). A l’opposé, seulement 5% de sa population a des revenus compris dans le premier décile, contre 10% dans le cas de l’aire urbaine. Enfin, le quartier du Mas du Taureau Nord de la commune de Vaulx-en-Velin concentre plus de 65% de sa population dans les deux premiers déciles de revenu par unité de consommation au regard de l’aire urbaine de Lyon et moins de 1% de sa population dans les deux derniers déciles. Ce quartier peut être qualifié de quartier très pauvre au regard des revenus dans l’aire urbaine de Lyon.

Dans toutes les configurations possibles, on peut donc lire la distribution de la population d’un quartier par décile de revenu, par rapport à celle de l’ensemble de l’aire urbaine.

Figure 3 : Distribution de la population de Pasteur, de Vitton et du Mas du Taureau Nord au regard des déciles des revenus par unité de consommation de l’aire urbaine de Lyon

Sources : D. Caubel, d’après [I.N.S.E.E et DGI, 2004(a)] et [François et al, 2003]

Notes
92.

Cette information n’est pas disponible sur l’ensemble des IRIS et des communes. Sa diffusion est soumise à des critères de confidentialité : le seuil de diffusion de l’information sur une unité spatiale – IRIS ou commune - est de 2000 habitants au Recensement Général de la Population (R.G.P.) de 1999 [I.N.S.E.E. et D.G.I., 2004].