Les rares exceptions rencontrées, qui infirment localement ce continuum spatial de classes, renforcent l’hétérogénéité spatiale mise en évidence. Certains quartiers (très) défavorisés se trouvent isolés au sein d’un territoire fortement différent selon les niveaux de vie et les positions sociales. Ayant plus de la moitié de leur population dans les deux premiers déciles de revenu par unité de consommation, ils peuvent être qualifiés comme étant des quartiers à prédominance ouvrière ou à prédominance employée, où le chômage sévit durement, où la population inactive est loin d’être négligeable. Leur localisation géographique correspond à des territoires où les collectivités ont mis en œuvre des politiques d’aménagement urbain. Ils illustrent quelque peu le processus de ségrégation (« mise à distance et […] séparation physique » [Grafmeyer, 2000, p.39]) des populations de ces quartiers sclérosés au cœur d’un ensemble territorial socialement très hétérogène. Y. Grafmeyer [2000, p.40] rappelle que « la séparation physique de groupes socialement distincts n’est pas une loi universelle, mais le résultat de processus spécifiques dont il convient précisément de rendre compte ». La mise à distance sociale et la séparation physique des quartiers très défavorisés constatées aujourd’hui procèdent, entre autres, d’un processus dont les prémices ont été mises en œuvre par les politiques d’aménagement du territoire, trente à quarante années plus tôt. Ces quartiers sont nés à une époque où l’on croyait à une « nouvelle vie » dans les « Villes Nouvelles » et où l’on définissait des zones à urbaniser prioritairement ou des grands ensembles urbains pour répondre à une crise du logement. Ils font toujours l’objet des politiques de renouvellement urbain (Z.U.S., Z.R.U. [Ministère de la Ville, 1997], Zones D.S.U. [Communauté Urbaine de Lyon, 1997 (a) à (f)]).