2.2. Motifs de déplacements et classes socio-professionnelles des individus

L’analyse des motifs de déplacements les plus récurrents des individus selon leur classe socio-professionnelle est plus aisée, puisque l’enquête ménages déplacements fournit une variable détaillée sur la profession et la catégorie sociale (P.C.S.), et une variable sur les statuts des individus enquêtés. Toutefois, ces variables étant relativement désagrégées, nous sommes très rapidement confrontés à des problèmes de représentativité des effectifs lors d’une analyse des déplacements selon les différents motifs. Par conséquent, nous les avons agrégées et composé une variable plus synthétique représentant les positions sociales des individus selon la profession et la catégorie sociale (Tableau 39).

Tableau 39 : Profession et catégorie sociale pour une analyse des pratiques de mobilité
PCS reconstituées Effectifs Détails d’après E.M.D. [CERTU, 1998]
C1 Artisans et commerçants 31 608 Artisans ; Commerçants ; Chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus
C2 Cadres supérieurs 91 558 Professions libérales ; Cadres de la fonction publique ; Professions intellectuelles et artistiques ; Cadres d’entreprise
C3 Professions intermédiaires de la fonction publique 59 586 Professions intermédiaire de l’enseignement, de la santé, de la fonction publique et assimilée
C4 Professions intermédiaires privés 83 814 Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises ; Techniciens ; Contremaîtres ; Agent de maîtrise
C5 Employés fonction publique 55 091 Employés de la fonction publique
C6 Employés privés 76 127 Employés administratifs d’entreprise ou de commerce
C7 Personnels des services directs aux particuliers 20 251 Nourrices ; Gens de maison ; Femmes de ménage
C8 Ouvriers 98 848 Ouvriers (non) qualifiés
C9 Chômeurs 58 173 Chômeurs n’ayant jamais travaillé
C10 Inactifs 92 191 Inactifs divers (autres que retraités)
C11 Scolaires 238 731 Ecoles primaires, Collèges, Lycées
C12 Étudiants 79 815 Supérieurs BAC+2, BAC+3 et plus
C13 Retraités 190 799 Retraités

Sources : D. Caubel, d’après E.M.D. de Lyon de 1995

Dès lors que nous nous affranchissons des motifs de déplacements relatifs au travail, à l’école et à l’université, l’ensemble des motifs de déplacements est représenté chez les différentes positions sociales des individus (Figure 20). Parmi l’ensemble des catégories sociales correspondant à des individus actifs ayant un emploi 114 , la catégorie des « personnes des services directs aux particuliers » fait figure à part, avec une faible part des déplacements pour la restauration hors du domicile et les visites, compensée par une part nettement plus importante des déplacements pour accompagnement et achats quotidiens. A cette exception près, toutes les catégories sociales d’individus actifs ou inactifs ont des pratiques de mobilité comparables. Mais, même s’ils expriment tous les mêmes besoins et motifs de déplacements pour accéder aux mêmes types d’activités, les temporalités accordées à chaque activité peuvent varier plus fortement selon les catégories sociales. Faute de données permettant de l’analyser, on peut faire l’hypothèse qu’un inactif ou une personne au chômage aura au quotidien plus de temps pour accéder aux activités dont il a besoin, qu’une personne active ayant un emploi, pour laquelle le travail structure le programme d’activités.

Figure 20 : Pratiques moyennes de mobilité des catégories sociales d’actifs et inactifs de l’agglomération lyonnaise, hors motif de déplacement pour le travail

Sources : D. Caubel, d’après E.M.D. de Lyon de 1995

En s’affranchissant également des temporalités accordées aux activités dans la journée, ce qui reste une hypothèse forte que nous garderons dans la suite de nos travaux, les motifs de déplacements les plus récurrents restent assez comparables. L’observation d’écarts sur les motifs de déplacements « visite à des parents ou amis » peut s’expliquer, en partie, par un argument similaire à celui porté sur l’analyse des motifs de déplacements selon les revenus. Si les individus des catégories sociales modestes ont plus recours à des visites dans leur entourage, cela peut provenir de l’importance qu’ils accordent aux réseaux informels et familiaux, ou bien ils se déplacent moins pour les autres activités coûteuses. Enfin, l’observation d’écarts sur les motifs de restauration hors du domicile ou d’activités culturelles ou associatives, peut s’expliquer, en partie, par le fait que les catégories sociales aisées les plus pourvues culturellement (diplômés) cumulent les activités en dehors du domicile et ont surtout les moyens d’aller au restaurant.

Notes
114.

Nous ne prenons pas en compte ici les retraités, les écoliers ni les étudiants. Toutefois, leurs pratiques de mobilité montrent, sur l’agglomération lyonnaise, qu’ils se déplacent pour tous les motifs rencontrés dans les autres catégories sociales (bien sûr, hors travail et activités scolaires ou universitaires). Les retraités se déplacent notamment pour les achats quotidiens ou exceptionnels, les services de santé et les visites à des parents ou amis. Les motifs de déplacements des écoliers sont orientés vers les activités sportives, culturelles ou associatives. Quant aux étudiants, leurs pratiques de mobilité se diversifient, sans réelle prédominance des motifs de déplacements hors l’université et les visites à des parents ou amis. Dans une période de transition entre l’apprentissage professionnel et l’entrée dans la vie active ou une période de départ du domicile parental, cette diversification des motifs de déplacements se rapproche de celle observée chez les individus actifs (Chapitre 2).