5.1. Evolution des activités du panier de biens dans Lyon et Villeurbanne et dans la périphérie de l’agglomération lyonnaise

Nous rendons ici compte de l’évolution géographique de la localisation des activités du panier de biens entre 1990 et 1999. Nous notons qu’en 1990, 62% des activités du panier de biens sont dans le centre ville (Lyon et Villeurbanne), 17,3% en première couronne et 20,7% en deuxième couronne de l’agglomération lyonnaise (Tableau 49). En 1999, le centre ville représente le lieu de localisation de 59,4% des activités du panier de biens (-2,6 points par rapport à 1990), contre 17,2% pour la première couronne (-0,1 points) et 23,4% pour la seconde couronne (+2,8 points par rapport à 1990). L’évolution de la localisation des activités entre 1990 et 1999 est favorable à la seconde couronne périurbaine de l’agglomération lyonnaise. Nous retrouvons les tendances de l’évolution globale des localisations d’activités en cours depuis les années 1970 [Orfeuil, 2000 ; Massot et Orfeuil, 1995], valable aussi bien pour les activités de « reproduction sociale » [Beckouche et Damette, 1993] que pour le marché de l’emploi.

Même si le centre ville continue à être le lieu de concentration de la majorité (près des deux tiers) des activités de l’agglomération lyonnaise, il tend à perdre du poids, notamment pour les établissements commerciaux. Ces derniers sont en diminution sur l’ensemble de l’agglomération lyonnaise. Cela peut être du à la fermeture de petits commerces et au développement de grandes surfaces commerciales. Compte tenu de la rareté des sols disponibles dans les zones centrales et denses de l’agglomération, les grandes surfaces s’installent de préférence en périphérie de l’agglomération. Ainsi, le centre ville perd 24% de son volume de commerces, la première couronne en perd 21% et la seconde couronne n’en perd que 13%. La perte d’activités commerciale est plus importante, en part relative, dans le centre ville (-2,3 points entre 1990 et 1999). Ce qui fait que le poids des couronnes périphériques et notamment la seconde couronne devient plus importante (+2,3 points pour la seconde couronne).

La situation est différente pour les établissements de santé. Même si le volume global d’établissements de santé reste relativement stable sur l’agglomération lyonnaise (+1% entre 1990 et 1999), nous notons une légère perte dans le centre ville (-4,5% des établissements de santé du centre entre 1990 et 1999), contre un gain dans la première couronne (+3%) et surtout dans la seconde couronne (+14,6% ; Tableau 49). Cela se traduit par une perte relative du poids du centre ville : alors que le centre (Lyon et Villeurbanne) concentre 58,9% de l’ensemble des activités de santé en 1990, il n’en compte plus que 55,7% en 1999 (-3,2 points). La première couronne concentre en 1990, près de 20,9% de l’ensemble des activités de santé et en 1999, près de 21,3% (gain de 0,4 points). Enfin, la seconde couronne concentre une part plus importante (23%) des activités de santé en 1999 qu’en 1990 (gain de 2,8 points).

Tableau 49 : Répartition des activités du panier de biens entre 1990 et 1999 par secteur géographique (nombre d’établissements et pourcentage en colonne)
Activités de 1990 Achats Santé Démarches / aide à la personne Loisirs TOTAL
Centre 6123 [60,2%] 1389 [58,9%] 1335 [63,7%] 3207 [66,5%] 12054 [62%]
1ère couronne 1855 [18,2%] 493 [20,9%] 319 [15,2%] 706 [14,7%] 3373 [17,3%]
2ème couronne 2200 [21,6%] 477 [20,2%] 443 [21,1%] 906 [18,8%] 4026 [20,7%]
TOTAL 10178 [100%] 2359 [100%] 2097 [100%] 4819 [100%] 19453 [100%]
Activités de 1999 Achats Santé Démarches / aide à la personne Loisirs TOTAL
Centre 4614 [57,8%] 1326 [55,7%] 1438 [58,3%] 3574 [63,5%] 10952 [59,4%]
1ère couronne 1458 [18,3%] 508 [21,3%] 403 [16,3%] 803 [14,3%] 3172 [17,2%]
2ème couronne 1907 [23,9%] 547 [23%] 624 [25,3%] 1248 [22,2%] 4326 [23,4%]
TOTAL 7979 [100%] 2381 [100%] 2465 [100%] 5625 [100%] 18450 [100%]

Sources : D. Caubel, d’après SIRENE 1990 et 1999

Quelle que soit la zone (centre ou périphérie), le nombre total d’activités de démarches et/ou d’aide à la personne augmente entre 1990 et 1999 (+7,7% pour le centre, +26,3% pour la première couronne et +40,9% pour la seconde couronne de l’agglomération lyonnaise). Cela se traduit par une baisse relative de la part des activités localisées dans le centre (63,7% de l’ensemble de ces activités en 1990 contre 58,3% en 1999, soit une baisse de 5,3 points ; Tableau 49). Par contre, la part relative des activités de démarches ou d’aide à la personne augmente en première couronne (de 15,2% en 1990 à 16,3% de l’ensemble de ces activités en 1999, soit un gain de 1,1 points) et en seconde couronne (de 21,1% en 1990 à 25,3% de l’ensemble des activités en 1999, soit un gain de 4,2 points).

Enfin, le nombre total d’établissements de loisirs augmente entre 1990 et 1999, aussi bien sur le centre ville (+11,4% d’établissements) que dans la périphérie (+13,7% en première couronne et +37,7% en seconde couronne) de l’agglomération lyonnaise. Cela se traduit par une perte relative du poids du centre ville et dans une moindre mesure de la première couronne sur la répartition globale de ces activités de loisirs entre 1990 et 1999, contre une croissance, en nombre et en part relative, plus importante pour la seconde couronne. Alors que le centre (Lyon et Villeurbanne) concentre 66,5% de l’ensemble des activités de loisirs en 1990, il en regroupe toujours la majorité avec 63,5% en 1999 (perte de 3 points). La première couronne totalise 14,7% de l’ensemble des activités de loisirs en 1990 et 14,3% en 1999 (perte de 0,4 points). Enfin, la seconde couronne compte 18,8% de l’ensemble des activités de loisirs en 1990 et 22,2% en 1999 (gain de 3,4 points).

Cette évolution de la localisation des activités entre 1990 et 1999 nous montre que le centre ville (Lyon et Villeurbanne), zone dense de l’agglomération, continue à concentrer plus de la moitié (jusqu’à deux tiers) des établissements de chaque type de service du panier de biens. Cependant, en part relative, la périphérie urbaine et notamment la seconde couronne, concentre plus d’activités, ce qui est montré dans le Tableau 50 par l’évolution de la densité des activités du panier de biens entre 1990 et 1999.

Tableau 50 : Densité des activités du panier de biens en 1990 et en 1999 sur l’agglomération lyonnaise
Nombre d’établissements par km² Activité en 1990 Activité en 1999
Centre (Lyon et Villeurbanne) 191,9 174,4
1ère couronne 26,8 25,2
2ème couronne 4,6 5,0

Sources : D. Caubel, d’après SIRENE 1990 et 1999

La perte des activités du centre ville peut se traduire par une relocalisation des activités ou une implantation de nouvelles activités aussi bien en première qu’en seconde couronne. Cependant, comme la part et le volume des activités sont relativement stables en première couronne, on peut penser que cette dernière perd quasiment autant d’activités que ce qu’elle en accueille sur cette période de 1990 à 1999. Bien évidemment, les processus de localisation des activités dans l’espace urbain sont bien plus complexes que la représentation schématique et simplifiée que nous faisons (cf. [Aguilera-Belanger et al, 1999 ; Buisson et al, 2001]).