2. L’accessibilité à l’interaction des systèmes de l’espace urbain

La plus ou moins grande facilité d’atteindre, depuis un lieu, les opportunités de la ville, pour les individus se déplaçant à l’aide d’un ou plusieurs modes de transport, constitue l’accessibilité. S. Masson [1997] l’interprète comme étant le vecteur de l’interconnexion entre les différents sous-systèmes de l’espace urbain [Bonnafous et Puel, 1983]. L’accessibilité interagit avec les éléments du système de transports ainsi que ceux du système de localisation des dynamiques urbaines. Elle dépend non seulement des lieux d’origine et de destination des individus, des activités disponibles dans l’espace urbain, mais également de la structure des réseaux de transports, du niveau de service, de contraintes topographiques, des modes de déplacements, des réglementations en vigueur ou de l’état des réseaux.

Au-delà des sous-systèmes précédents [Bonnafous et Puel, 1983], et en considérant le sous-système de l’espace urbain définissant les temporalités [Geurs et Ritsema van Eck, 2001], l’accessibilité apparaît être le vecteur de connexion d’un ensemble complexe de composantes de l’espace urbain (Figure 23). La composante temporelle introduite caractérise les différentes temporalités, celles des activités, celles des individus. Elle représente les restrictions temporelles d’accès aux biens et services de la ville. Elle prend en compte la disponibilité des activités à différents moments de la journée, ainsi que le temps que les individus attribuent à ces activités – temps pendant lequel l’activité occupée par un individu n’est pas nécessairement accessible (indisponibilité) à d’autres individus. Selon K. Geurs et J. Ritsema van Eck [2001], cette composante est interdépendante du système de localisation des dynamiques urbaines. L’individu se situe en un seul point de l’espace à un moment donné et le déplacement, lui permettant de répondre à sa motivation d’accès à une opportunité, est consommatrice du temps.

Introduite dans les années 1970, par les études d’accessibilité – « prismes spatio-temporels » [Hägerstrand, 1970 ; Chapin, 1974], nombreux sont les auteurs qui ont souligné l’importance de la dimension temporelle dans les interactions entre le système de transport et le système de localisation des dynamiques urbaines [Bruns, 1979 ; Kitamura et Kermanshah, 1984]. Compte tenu de l’ensemble des systèmes évoqués, l’accessibilité renvoie aux relations des individus dans un espace donné et aux éléments des systèmes spatio-temporels de l’espace urbain.

Figure 23 : Relations entre les différentes composantes de l’accessibilité

Sources [Geurs et Ritsema van Eck, 2001]

Nous définissons alors l’accessibilité comme la représentation dans le temps et dans l’espace urbain des pratiques et relations sociales, qui s’affirment en relation avec les systèmes de transport et de localisations des dynamiques urbaines par des mobilités sociales et spatiales différenciées. Dès lors, il s’agit de rendre compte de l’état de l’art des mesures possibles de l’accessibilité, et de voir dans quelle mesure ces indicateurs sont susceptibles d’éclairer la problématique des (in)égalités de chances et de capabilités des individus vis-à-vis d’un panier de biens et services.