3.3. Prismes spatio-temporels

Les modèles dits « prismes spatio-temporels » se distinguent des modèles précédents par la prise en compte de l’ensemble des composantes du concept d’accessibilité (Figure 23), et notamment la composante temporelle. Ces modèles mesurent les volumes d’activités potentiellement accessibles par les individus depuis un lieu donné de l’espace urbain, à un moment donné de la journée, sous les contraintes temporelles des individus et des activités 129 .

Ces modèles sont mis en œuvre tardivement dans les années 1990 [Dijst et Vidakovic, 1997 ; Kwan, 1998], même s’ils trouvent des fondements théoriques dans les années 1970. Le postulat de départ de ces modèles est que non seulement les systèmes de transports et de localisations des activités et des individus doivent être pris en compte dans les mesures d’accessibilité, mais aussi, la composante temporelle et ses interactions avec les systèmes de l’espace urbain (Figure 23). L’espace (le territoire urbain) et le temps jouent un rôle important dans la perception qu’ont les individus et dans leur détermination de l’accessibilité aux opportunités. D’autre part, la mobilité individuelle et, in fine, l’accessibilité sont contraintes par les programmes d’activités des individus.

La mise en œuvre des modèles dits « prismes spatio-temporels » part du principe qu’à un moment de la journée, en fonction des contraintes temporelles et spatiales, le volume de ressources que peut atteindre un individu peut varier. Sur la base de cette observation, T. Hägerstrand [1970] et B. Lenntorp [1976] définissent l’« espace-temps contraint » et les « prismes spatio-temporels ». L’« espace-temps contraint » fait référence à l’effet réducteur des caractéristiques temporelles et spatiales dans le choix des activités (heures d’ouverture, temps disponible…) [Kwan et al, 2003]. D’autre part, du fait de l’importance de la notion temporelle dans la réalisation du programme d’activités des individus, T. Hägerstrand [1970] montre que les activités spatiales des individus sont contraintes. Les décisions d’accès aux activités de la ville ne correspondent pas uniquement à des volontés individuelles indépendantes des temporalités et des territoires urbains. Un « prisme spatio-temporel » identifie alors l’espace d’activités réalisables dans un ensemble de contraintes d’espace-temps (contraintes liées aux programmes d’activités, à la localisation géographique des individus et des établissements ainsi qu’aux déplacements limités dans l’espace et dans la journée). Le prisme spatio-temporel représente un lieu géographique qui délimite l’espace potentiel d’action - le volume de ressources maximum auquel elle peut accéder sous contraintes spatio-temporelles [Bruns, 1979, Dijst et Vidakovic, 1997] - d’une personne localisée à un endroit donné de l’espace urbain, à un moment de la journée en fonction de son programme d’activités.

Ces premiers modèles permettent de mesurer l’accessibilité potentielle aux opportunités que propose un espace urbain. Ces mesures peuvent être menées pour chaque individu, par groupes d’individus, par zones de l’espace urbain, par modes de déplacements, par motifs de déplacements, à un moment donné de la journée, etc.

Notes
129.

Ces contraintes temporelles sont liées au programme d’activités des individus et à la disponibilité des activités aux différents moments de la journée.