3.4. Les mesures d’accessibilité basées sur la théorie des choix discrets

Les modèles d’accessibilité, basés sur la théorie des choix discrets, apparaissent au milieu des années 1970. Issus de la théorie économique néoclassique et de l’utilitarisme, la théorie de l’accessibilité urbaine est développée par G. Koenig [1974] et par M. Ben-Akiva et S. Lerman [1979]. Les modèles mis en œuvre ne mesurent pas un volume potentiel d’opportunités accessibles, mais plutôt un niveau d’accessibilité à concevoir en termes d’utilité. Ces auteurs montrent comment un choix est déterminé parmi un ensemble d’alternatives qui satisfont toutes essentiellement les mêmes besoins.

Pour introduire ce modèle d’accessibilité, G. Koenig [1974] propose un postulat de départ : la mesure de l’utilité individuelle exprimée en termes de coût généralisé ne prend en compte qu’un aspect limité des déplacements des individus. Elle ne rend pas compte de la satisfaction que ces derniers ont à atteindre leur(s) destination(s) de déplacement. Ces mesures ne considèrent, dans le coût généralisé, que la contrainte que représente le déplacement. G. Koenig propose alors une théorie de l’accessibilité urbaine, en cherchant à évaluer l’utilité retirée par un individu de sa possibilité de se rendre dans différents lieux de l’espace urbain et ainsi d’accéder aux activités dont il a besoin. Cette utilité rend donc compte de la satisfaction vis-à-vis de l’univers des choix possibles des activités.

Pour cela, G. Koenig pose l’hypothèse que les individus associent une utilité cardinale à chaque alternative à laquelle ils sont confrontés et choisissent celle qui procure une utilité maximale [Koenig, 1974]. Sur la base de cette hypothèse, il établit, comme étant une mesure de l’accessibilité, une relation de l’utilité pour l’ensemble des individus localisés dans un lieu i de l’espace urbain (Encadré 23).

Encadré 23 : Mesure de l’accessibilité selon l’utilité des individus de G. Koenig

Sources : d’après [Koenig, 1974]

M. Ben-Akiva et S. Lerman [1979] partent des propositions faites par G. Koenig et présentent une mesure de l’accessibilité qui est cohérente avec la théorie des choix discrets 130 . Leur proposition part de l’affirmation que, pour chacune des alternatives qui s’offrent à un individu localisé dans une zone et voulant atteindre les activités d’une autre zone, il est possible de définir une utilité. Le choix de l’alternative correspond à la maximisation de l’utilité ou du niveau de bien-être individuel. L’accessibilité est définie théoriquement comme étant l’espérance de l’utilité maximale que retire l’individu de son choix parmi un certain nombre d’alternatives possibles pour atteindre les activités dont il a besoin [Ben-Akiva et Lerman,

Même si ces modèles permettent de mesurer un niveau d’utilité que retirent les individus par rapport à l’ensemble des opportunités de la ville, ils ne diffèrent pas fondamentalement du modèle gravitaire de W.-G. Hansen (cf. section 3.2). H. Neuberger [1971] fut le premier à établir la relation entre les indicateurs de W.-G. Hansen et les « mesures des avantages spatiaux des consommateurs » [Bonnafous et Masson, 1999, p.17]. Ces dernières mesures ne sont rien d’autres que les mesures de la satisfaction des individus et de la maximisation de l’utilité introduites par G. Koenig. Comme pour les modèles gravitaires, les mesures utilitaristes s’intéressent directement aux résultats d’accomplissement des individus.

Notes
130.

La théorie des choix discrets intervient, en micro-économie, dans les processus de choix des individus.