1.1.1. Inégal accès à la voiture particulière entre les quartiers riches et pauvres …

Dans notre cas, il ne s’agit pas de rendre compte aussi finement des inégalités de motorisation des ménages, mais de donner un cadrage sur les inégalités entre les quartiers très défavorisés et les quartiers très aisés, en termes de déclaration de possession d’une ou plusieurs voitures particulières 139 . C’est pourquoi, nous avons simplement recours à la variable du Recensement de 1999. Elle suffit à donner quelques éclairages en fonction de la localisation résidentielle des individus (Tableau 58). Ainsi, sur l’ensemble du territoire correspondant à l’agglomération lyonnaise 140 , 25,8% des ménages déclarent ne pas avoir de voiture particulière. Près d’un ménage sur deux déclare en posséder une seule, et le reste des ménages (23,8%) sont multi-motorisés.

L’analyse par type de quartiers montre une forte différenciation entre les déclarations des ménages des quartiers très défavorisés et ceux des quartiers très aisés, traduisant une inégalité d’accès à la voiture particulière. De manière globale, seulement 11% des ménages vivant dans les quartiers très défavorisés sont multi-motorisés. A l’opposé, ils sont 40% à ne pas posséder de voiture particulière et au plus 49% à n’en posséder qu’une seule.

Tableau 58 : Nombre de voitures particulières par ménage et par quartiers
  0 VP(I) 1 VP 2 VP ou plus Total
Quartiers très défavorisés 9 489
[40%]
11 627
[49,1%]
2 581
[10,9%]
23 697
[100%]
Quartiers très aisés du centre 17 375
[33,6%]
25 855
[50%]
8 484
[16,4%]
51 714
[100%]
Quartiers très aisés de la périphérie 3 221
[8,2%]
15 932
[40,8%]
19 982
[51%]
39 081
[100%]
Ensemble de l’agglomération lyonnaise 127 554
[25,8%]
249 732
[50,4%]
117 834
[23,8%]
495 120
[100%]
(I) VP signifie voiture particulière

Sources : Recensement Général de la Population de 1999

Les ménages vivant dans les quartiers très aisés du centre déclarent, pour la moitié d’entre eux, avoir en 1999 une seule voiture particulière. Ils sont 16,4% en avoir deux ou plus (Tableau 58). Enfin, ils sont un tiers à faire le choix de ne pas s’« encombrer » d’une voiture. Cette stratégie peut s’expliquer par le recours à d’autres modes de déplacements (marche à pied et transports collectifs) pour atteindre les activités très largement localisées dans la partie centrale de l’agglomération. Cependant, ce n’est pas le même type de ménages que dans les quartiers très défavorisés qui n’ont pas de voiture particulière. Pour ces derniers, ainsi que pour les ménages pauvres du centre 141 , c’est, en partie, dû à une contrainte financière (faible niveau de ressources, conditions de précarité), alors que pour les autres ménages du centre, c’est globalement un choix non contraint par les niveaux de vie. De plus, aussi bien en 1990 qu’en 1999, plus de 60% des activités de reproduction sociale du panier de biens sont localisées dans Lyon et Villeurbanne (Tableau 49). Ce qui contribue à des déplacements plus courts réalisés par les individus du centre de l’agglomération [Nicolas et al, 2001]. Les alternatives modales, notamment compte tenu de la qualité de l’offre en transports collectifs, y sont relativement comparables à la voiture particulière en termes de temps généralisé de déplacements (recherche de stationnement inclus dans le cas de la voiture particulière).

Par contre, nous observons des situations très différentes pour les ménages des quartiers très aisés de la périphérie (deuxième couronne Ouest de l’agglomération lyonnaise) (Tableau 58). Les ménages et les individus de ces quartiers sont quasiment tous motorisés, et pour la moitié multi-motorisés. Ils ne sont que 8,2% à déclarer ne pas avoir de voiture particulière, soit 3 fois moins que la moyenne de l’ensemble de l’agglomération lyonnaise. Les différences observées de motorisation entre les différents types de quartiers traduisent des inégalités d’accès à la voiture particulière qui se pourront se traduire par des inégalités d’usage des modes de transports et des inégalités d’accès au panier de biens (cf. infra).

Notes
139.

Pour de plus amples informations concernant les inégalités de motorisation sur l’agglomération lyonnaise, nous renvoyons à Inégalités de Déplacements et Equité Sociale [Claisse et al, 2000 et Paulo, 2005].

140.

Nous renvoyons au chapitre 4 pour la définition du territoire de l’agglomération lyonnaise.

141.

Les quartiers très aisés sont caractérisés par une très forte présence de la population dans les derniers déciles de revenus par unité de consommation de l’aire urbaine. Mais, il y a également dans ces quartiers, un part, certes sous-représentée, de la population dans les premiers déciles de revenus.