3.2.2. Une configuration des commerces favorables aux quartiers riches de la périphérie

L’évolution de la configuration urbaine des commerces entre 1990 et 1999 est globalement favorable pour les quartiers très aisés de la périphérie. Elle se traduit par une amélioration moyenne de 3,2 minutes des conditions d’accès en transports collectifs (Tableau 78). Les commerces se sont géographiquement rapprochés et densifiés aux alentours de ces quartiers. La répartition des activités dans l’agglomération lyonnaise (Tableau 51) a montré que la part des commerces a augmenté au sein de ces quartiers (4,7% en 1999 contre 3,8% en 1990) 157 .

Ainsi, c’est près de la moitié de la population (45%) des quartiers très aisés de la périphérie qui est qualifiée de « gagnante » (Tableau 81). Les individus qui bénéficient directement de l’évolution de la configuration urbaine des commerces, sont ceux des quartiers qui en sont les plus proches, pour le scénario de référence de 1999 158 . Leurs gains sont estimés à plus de 18 minutes sur un temps d’accès compris entre 24 et 42 minutes. Ce qui est expliqué par une forte croissance de l’activité commerciale au sein de ces quartiers ou à leur proximité (nombre de commerces multiplié par 1,5 à 3 159 ).

Tableau 81 : Un rapprochement des commerces pour la moitié des quartiers très aisés de la périphérie
Accès en TC aux commerces, en 1999 Nombre de quartiers
[population en 1999]
Gain de temps d’accès
En moins de 15 minutes 6 [11 573] Entre -4,7 minutes [Pierre Brunier (Caluire-et-Cuire)]
et -30,7 minutes [Vernay (Caluire-et-Cuire)]
En moyenne : gain de 18,7 minutes
En 15 à 30 minutes 6 [14 442] Entre -0,3 minutes [Vassieux (Caluire-et-Cuire)]
et -18,8 minutes [Vourles]
En moyenne : gain de 7,3 minutes (I)
En plus de 30 minutes 8 [20 065] Entre -0,1 minutes (Francheville Le Haut Bruissin)
et -12,4 minutes (Charly)
En moyenne : gain de 3,3 minutes (II)
Ensemble des quartiers très aisés de la périphérie gagnants 20 [46 080] Entre -0,1 et -30,7 minutes
En moyenne : gain de 8,4 minutes
(I) En s’affranchissant de Vourles et de Charlier (Ecully), le gain de temps moyens est de 1,3 minutes.
(II) En s’affranchissant de Charly, le gain de temps moyen est de 1,1 minutes.

Sources : D. Caubel

Les habitants des autres quartiers « gagnants », plus éloignés des commerces, bénéficient dans une moindre mesure du « rapprochement » géographique de ces activités. Leurs gains de temps sont d’au plus de 4 minutes, à l’exception des habitants des communes de Vourles et de Charly, et du quartier Charlier à Ecully. Pour ces derniers, les gains de temps s’expliquent par une croissance des activités commerciales – mais moindre que précédemment - au sein de ces quartiers ou dans leur environnement géographique immédiat.

Cependant, le « rapprochement » des commerces des lieux de résidence des populations aisées n’est pas systématique, puisque seize quartiers (38,2% de la population de l’ensemble des quartiers aisés de la périphérie) ne sont pas influencés par cette dynamique des localisations. De plus, les habitants de sept quartiers en subissent une détérioration de l’accessibilité (Tableau 82). La hausse de leurs temps d’accès en transports collectifs, de 3,7 minutes en moyenne (au plus de 7,2 minutes pour la zone d’habitat diffus de Chaponost) s’explique par une baisse de l’ordre de 25% du nombre de commerces sur ces zones. Ce sont principalement des quartiers éloignés du centre de l’agglomération lyonnaise qui subissent ces pertes de temps d’accès.

Tableau 82 : Des pertes de temps d’accès aux commerces pour quelques quartiers très aisés et éloignés du centre de l’agglomération lyonnaise
Accès en TC aux commerces, en 1999 Nombre de quartiers [population en 1999] Perte de temps d’accès
En moins de 15 minutes / /
En 15 à 30 minutes 1 [1 842] +3,8 minutes (Tarentelles)
En plus de 30 minutes 6 [15 437] Entre +7,2 minutes [Zone Habitat Diffus (Chaponost)]
et +0,2 minutes (Ouest de Saint-Cyr au Mont d’Or)
En moyenne : perte de -3,7 minutes
Ensemble des quartiers très aisés de la périphérie perdants 7 [17 279] Entre +0,3 et +7,2 minutes
En moyenne : perte de 3,7 minutes

Sources : D. Caubel

Ces résultats mettent en évidence les conséquences de la « volatilité » des commerces – en plus de leur durée de vie et de leur renouvellement plus ou moins rapide - sur les potentialités qu’ont les individus d’en bénéficier les opportunités. Les conditions d’accessibilité entre les quartiers très aisés de la périphérie en sont fortement différenciées. C’est d’ailleurs ce que montre l’évolution de l’écart absolu moyen comparée à celle du temps moyen d’accès pour les habitants de l’ensemble de ces quartiers. Alors qu’entre 1990 et 1999, leurs gains de temps d’accès en transports collectifs aux commerces est globalement de 3,2 minutes (gain de 9%, Tableau 78), l’écart absolu passe de 12,8 à 14,2 minutes (augmentation de 10,9%). Ce qui traduit donc une croissance des inégalités –des capabilités entre les individus de ces quartiers (amélioration sélective) vis-à-vis de l’accès aux activités commerciales.

Notes
157.

Nous renvoyons en annexe 3.7. Evolution des temps d’accès en transports collectifs aux commerces pour les quartiers très aisés de la périphérie le détail pour les quartiers très riches de la périphérie de l’évolution des temps d’accès, en transports collectifs, aux commerces entre la rétrospective de la localisation des activités de 1990 et le scénario de référence de 1999.

158.

La population ayant connue une forte amélioration des conditions d’accès aux commerces, vit dans les quartiers de « Vernay » et « Jean Moulin – De Gaulle » à Caluire-et-Cuire, de « Vianney » et « Les Serres – Tronchon » à Ecully et des « Balmes » à Sainte-Foy-Lès-Lyon.

159.

A titre d’exemple, l’activité commerciale sur Vernay a triplé, permettant des gains importants au quartier voisin de « Jean-Moulin – De Gaulle ». Cette évolution, combinée avec une liaison directe par des lignes de bus, est également favorable aux habitants de « Pierre Brunier », même si l’accès aux commerces de ces derniers est honorable (en moins de 15 minutes) pour la rétrospective de la localisation des activités de 1990.