Troisiēme partie

Chapitre VI : L’idéogramme comme investigateur du rêve, processus de construction d’une syntaxe psychique

La construction de l’écriture idéographique mobilise des mécanismes qui sont assez semblables à ceux qui dans le rêve permettent l’émergence des processus primaires aussi bien dans le contenu latent que dans le contenu manifeste en organisant des va-et-vient de l’un à l’autre. La scène du jeu, le travail du rêve, les deux sont présents dans la construction de l’écriture et du symbolique. Nous avons tenté de déconstruire l’idéogramme dans les chapitres précédents afin de pouvoir comprendre la nature et la fonction de chaque élément dans la construction de l’idéogramme.

Le travail sur les représentations de chose et les représentations de mots nous a permis de travailler sur les processus de transformation opérées dans l’idéogramme ainsi que les voies stratégiques pour procéder au refoulement des images et des pensées. Dans ces passages de représentation de chose à la représentation de mot, comment ce changement dans l’espace conduit au changement de formes et de statuts 19 permettant le maintien dans le champ visuel des représentants de chose dont la présence ne menace plus le moi puisqu’ils ont perdu le statut de représentation de chose, mais bien au contraire, ils acquièrent une fonction d’étayage ou de pare-excitation.

Ce travail de transformation dans l’idéogramme ressemble au travail de construction de Freud dans le travail du rêve. Ce qui rapproche l’idéogramme et le rêve c’est qu’il se constitue comme un système d’enveloppes, de contenants autorisant la mise en scène des éléments pulsionnels et la finalité de construction d’une position passive dans un désir inconscient actif. Ce système d’enveloppes permet de gérer les enjeux psychiques dans le modèle du principe de plaisir, à vivre la sensorialité des représentations de chose : le regard, le mouvement, la sensation, le corps. Le rêve comme l’idéogramme est un espace entre deux, entre la réalité interne, pulsionnelle et la réalité externe, conventionnele ; il se positionnerait, l’un comme l’autre, comme un compromis d’un entre deux, entre le renoncement de la chose et le plaisir de la chose. L’idéogramme propose des transformations telles que nous avons perçue dans le passage de l’intra à l’intersubjectivité, dans le travail de refoulement tout en maintenant les images. Le rêve propose des possibilités de transformation qui ont pour finalité la construction de la réalité psychique.

Nous pencher sur le rêve sans pour autant nous éloigner de la réalité psychique consiste à proposer l’idéogramme comme modèle analogique du rêve ; à déployer les images à l’intérieur de l’idéogramme, à analyser les liens entre les divers composants grâce aux textures visuelles contenues dans l’idéogramme, à comprendre le jeu des mécanismes de défense en cours et enfin à penser aux jeux du rêveur s’adressant à l’autre (l’analyste). Nous essaierons de comprendre la fonction et d’ouvrir sur les catégories de rêve par le modèle de l’idéogramme, en nous appuyant sur le déploiement possible de la dynamique des transformations.

Pour cela, nous proposons d’aborder trois dimensions de rêve :

- Les mécanismes de défense comme organisateurs du rêve

- L’interprétation comme syntaxe psychique du rêve. (la dynamique du rêve)

- La langue du visuel : l’idéogramme comme modèle de déconstruction et de reconstruction visuelle du rêve, un rêve vu et entendu. La question de la langue à partir de l’écriture hiéroglyphique, l’écriture idéographique permettrait d’aborder la question du rébus dans le rêve, construction d’une langue singulière.

Notes
19.

Transformations des représentations de chose à la représentation de fonction