Chapitre XI : Le travail de représentation : la représentance de la représentation, la symbolisation primaire

Les hypothèses mises au travail, suite à l’analyse des recueils de données, portent sur les productions psychiques, sur l’activité psychique à la toute première période de la vie, avant la découverte de l’objet, avant toute formation de représentation, représentation-chose, de chose et bien évidemment avant la représentation de mot. Lors de la passation de ce test, nous constatons que les participants sont particulièrement sensibles voire débordés par des mouvements affectifs au contact de ces planches et dans la relation avec nous.

L’absence de représentation de mot chez les participants du groupe témoin, et peu de réponses en « représentation de chose » chez les sujets psychotiques, nous interrogent sur la provenance et la nature des affects recueillis chez ces sujets dans la rencontre avec le test. C’est sur cette ouverture théorico-clinique que nous proposons d’engager une réflexion sur la métapsychologie freudienne des processus, sur la symbolisation primaire au regard de la représentance des représentants psychiques de la pulsion.

Ce test propose un espace et un temps aux sujets participants pour revivre un affrontement avec les enveloppes maternelles. Les catégories de contenants qui permettent d’établir la grille de cotation sont des représentants des contenants psychiques. L’analyse des recueils de données du test nous permet de faire l’hypothèse que ces données sont des éléments psychiques produits dans la rencontre avec les signifiants formels. C’est une situation de régression puisqu’il y a de la motricité dans l’acte de production des modèles.

Ce chapitre est une proposition de discussion théorique de la pensée freudienne sur le travail de représentation, de symbolisation primaire et l’articulation des concepts plus ajustés des auteurs contemporains. Pour ce travail de recherche théorique nous proposons la discussion de quelques travaux et textes des divers auteurs qui se sont étayés sur les concepts freudiens. Nous travaillerons la pensée fondamentale de M. Klein sur le symbolisme et la formation des symboles 26 . Les travaux de R. Roussillon en lien avec la séparation mère-enfant et l’organisation énergétique du narcissisme primaire comme mobilisation et clivage de l’émergence pulsionnelle moi/non moi, incontrôlable dans la confusion des espaces psychiques mère-enfant. Ces auteurs constituent des étayages théoriques très riches pour notre réflexion. D’autres travaux autour des mêmes intérêts, sur la formation du symbolisme dans la pensée ou dans l’écriture sont discutés comme croisement des courants de la théorie de l’inconscient.

Ce travail d’inscription, de traduction s’appuie sur deux techniques : la technique de traduction linguistique, technique sur laquelle s’appuie le travail de l’interprète et la méthode d’association libre à partir de la traduction du sens, c'est-à-dire le modèle de signifiant psychanalytique. Le modèle d’association libre s’appuie sur l’écriture archaïque, écriture des inscriptions sur écaille de tortue, écriture des ancêtres. Notre connaissance en écriture archaïque obtenue au fur et à mesure de l’avancement de cette thèse se construit, se transforme et s’intègre dans nos connaissances théoriques de l’inconscient. Pour cela, l’idéogramme a perdu son origine, en tant qu’objet culturel de la Chine, il est pour nous, un objet pensant, un objet pensé pour penser, penser les processus de transformation, processus de maturation psychique avant la symbolisation.

A la suite de l’apport clinique et métrique du test de Ti, notre travail sur la matière visuelle de l’inscription du sujet dans son implication intrapsychique et intersubjective nous invite à nous pencher sur la recherche de compréhension de la figurabilité des formes primaires et archaïques dans le travail de représentation. On peut parler de la conflictualité psychique au sens d’une exigence psychique. Cette évolution dans ce travail d’élaboration nous permet d’interroger ce qu’est le symbolisme, et les liens et les fonctions sont à l’œuvre dans le travail de symbolisation primaire et secondaire.

Ce test nous a permis de repérer des facteurs sensibles et significatifs : d’un côté les facteurs métriques par les nombres élevés de réponses par catégorie, de l’autre les recueils de données dans la relation avec nous. Ce schéma conduit à deux figures, deux enveloppes comme une sorte de peau dans chaque figure, deux enveloppes contenantes , ce qui nous invite à penser que le test est constitué d’Idéogrammes Signifiants formels dans lesquels la topique maternelle est mise en évidence. Ces enveloppes sont comparables à la configuration des signifiants formels. Nous souhaitons ouvrir une réflexion, en nous appuyant sur les trois dimensions présentées : sur nos recherches théoriques, sur l’apport clinique et sur les travaux contemporains sur la théorie de la représentation, ce qui nous permettrait d’avancer notre compréhension sur le travail de symbolisation dans l’organisation de la pensée.

Pour cette partie de discussion théorico-clinique, nous nous référerons aux écrits sur la construction du symbolisme de quelques auteurs psychanalystes. Pour la deuxième partie nous ouvrirons un espace de réflexion sur le travail de la symbolisation primaire, ce qui permet de reprendre au niveau de l’écriture, tout particulièrement au niveau de l’idéogramme toute cette partie de la sensorialité, de gestualité de l’objet primaire. Ce qui va nous permettre de re-présenter ce que nous avons présenté de ce matériel visuel et primaire, de connaître les conditions nécessaires pour le travail de symbolisation.

Notes
26.

M.Klein (1930) « L’importance de la formation du symbole dans le développement du moi »