A. Les traces de l’Histoire antillaise dans la narration

Les faits historiques, datés ou sans références temporelles, apparaissent dans les romans. La narration dramatise les histoires individuelles dans quelques romans, et collectives dans d’autres. Dans Pluie et vent…de Simone Schwarz-Bart, les histoires individuelles des femmes guadeloupéennes structurent les intrigues ; elles construisent la narration. Le roman du même auteur, Un plat de porc…, publié cinq ans avant Pluie et vent…, renonce à l’histoire collective, par la biographie « dégoûtante » qui relate la vie de Mariotte. L’histoire individuelle de la femme s’ouvre sur la communauté de la Martinique. La distinction des histoires est transformée dans Traversée de la Mangrove, Les derniers rois mages et Ti Jean L’horizon :les histoires individuelles et collectives s’enchevêtrent. Les récits enchâssent la vie présente et passée de la communauté créole dans Traversée de la Mangrove, et rurale dans Desirada, comme une exécution des faits divers, passés et présents. Les histoires relatées sont brèves, ordinaires, courantes, mais significatives du passé caribéen. La particularité de cette représentation, c’est l’union des hommes et des histoires dans les intrigues. « Le roman est une ré-introduction de l’être humain dans l’histoire. C’est une grande fresque, où le sujet est à nouveau présenté à son destin, et son destin est la somme de son expérience. » 386

Notes
386.

Mario Vargas LLosa, La vérité par le mensonge, [essai traduit de l’espagnol par Albert Bensoussan] Paris, Editions Gallimard, 1992, pour la traduction française, p.219.