Chapitre troisième : Les rapports Espace-Temps dans la narration

Les liens narratifs et symboliques entre l’espace et le temps résultent, en premier lieu, du métissage, de l’histoire coloniale, contemporaine et antillaise. La chronique dans Pluie et vent… glose la période de l’esclavage et la Colonisation que les auteurs prolongent dans les Antilles, sorties récemment de l’oppression, mais vivant un nouveau drame, celui du « Colonialisme ». Les villes, villages et lieux distants dans Moi, Tituba sorcière… et Desirada, génèrent le foisonnement et résument le monde, voire réduisent ses dimensions dans l’espace des romans. L’univers semble être dramatisé dans Les derniers rois mages, qui joignent les espaces du monde aux Caraïbes, et promènent les personnages dans des pays lointains, comme une manière d’évoquer l’univers:

‘« […] c’est parce que, dans la Poétique de la Relation, l’errant qui n’est plus le voyageur ni le découvreur ni le conquérant, cherche à connaître la totalité du monde et sait déjà qu’il ne l’accomplira jamais- et qu’en cela réside la beauté menacée du monde. » 685

Les racines du monde se trouvent dans l’univers créole, dans les espaces antillais du roman ; dans Traversée de la Mangrove et Pluie et vent…, la ville créole, quelle soit banlieue ou village, transcende les temps et les espaces, elle est transformée en lieu intérieur du « Tout-Monde » :

‘« La ville créole restitue à l’urbaniste qui voudrait l’oublier les souches d’une identité neuve : multilingue, multiraciale, multi-historique, ouverte, sensible à la diversité du monde. Tout a changé. » 686

Pour découvrir le cadre particulier de l’espace et du temps qui se rejoignent, on peut retenir deux formes narratives : la condition des personnages et le déroulement des récits dans l’espace-temps.

Notes
685.

Edouard Glissant, Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990, p.32.

686.

Patrick Chamoiseau, Texaco, Paris, Gallimard, 1992, p. 243.