A. La condition des personnages dans l’espace-temps

Le contexte littéraire des romans de Maryse Condé et Simone révèle la situation des personnages, leur condition dépend des circonstances dans lesquelles les auteurs essayent de traduire leur désenchantement. La création assure le déclin, et pour les auteurs il fallait inventer, presque dans tous les textes, des lieux « maudits » et des temps « dégoûtants », afin de répondre à l’identité créole, en aucun accident accomplie, en perpétuelle reconstruction, troublée constamment. Et, dans cette recherche littéraire de l’espace-temps nuisible, quelques romans annoncent les couleurs dans leur avant-propos. La dédicace à Aimé Césaire de Un plat de porc… situe le roman de Simone Schwarz-Bart parmi ceux de l’exil, volontaire ou involontaire, linguistique ou politique : « Et voici l’homme à terre / Et son âme est comme nue », ces vers, extraits du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire ouvrent Un plat de porc… On lit comme prélude la déchéance de l’homme, sa dégradation est à l’image de son âme nue, signe de dépossession de soi, et donc de l’exil. Pluie et vent… roman du même auteur, avertit le lecteur par les vers du poète français Paul Eluard dans Les yeux fertiles : « Belle sans la terre ferme / Sans parquet sans souliers sans draps. » Peu importe le contexte, les vers traduisent la condition d’exil, dans l’absence de « la terre ferme », qui laisse apercevoir l’espace-temps dramatique et même tragique. Mais là où Simone Schwarz-Bart oriente le sens des récits par des justifications préliminaires, Maryse Condé décrit à l’intérieur de la narration l’espace-temps décevant des personnages. A moins que ce soit son roman au titre éloquent Moi, tituba sorcière…, illustré par le portrait d’une femme noire, au regard profond et mélancolique, dans la première page de couverture… On peut étudier, dans les romans, les liens suivants :

a. L’espace-temps d’exil des personnages

b. L’espace-temps dramatique des romans

c. L’espace-temps tragique des romans

L’espace-temps d’exil, en comportant des caractéristiques psychologiques, dégage d’autres conséquences : les romans sont bouleversés en quelque sorte par le dramatique et le tragique.