L'améthyste

Variété macro cristalline violette du groupe du quartz, elle est très prisée et célébrée dès l'Antiquité. Pline l'ancien classe l'améthyste dans les pierres purpurines 264 , également appelées purpurites, du latin purpura, pourpre, et localise des carrières en Arabie (Syrie), en Grèce, en Inde.

Les descriptions d'Albert le Grand, de Lodovico Dolce ou encore de Ferrante Imperato montrent que l'améthyste propose, selon le lieu de son extraction, une gamme chromatique différente qui peut varier du pourpre au violet avec la présence de blanc ou encore de jaune.

Agostino del Riccio indique que l'on peut trouver deux types d'améthyste : l’améthyste de provenance orientale, d'une très grande qualité et celle extraite en Allemagne qui, de moindre qualité, est trouvée en plus grande quantité 265 . Anselme Boece de Boot mentionne des gisements en Bohème, mais constate également que ces pierres sont moins recherchées et qu'elles coûtent moins cher que les "orientales" 266 . Entre le XVIe et le XVIIIe siècles, d'autres exploitations sont mentionnées : Leonardo Orlandini fait état d'améthystes extraites en Sicile 267 . Jean Targioni Tozetti 268 écrit qu'il y a des améthystes en Toscane, notamment sur la route du lac d' Accesa 269 , à environ huit kilomètres de Massa, et sur l'île d'Elbe.

On sait que Rodolphe II, en contact avec la cour des Médicis et notamment avec l’Opificio delle Pietre Dure, pourvoyait en Italie une importante quantité de pierres, dont l'améthyste. Paradoxalement, on ne rencontre que peu d'exemples florentins de peinture sur améthyste, support qui, en fait, n'a été utilisé que de manière sporadique. Nous ne connaissons que deux œuvres exécutées sur améthyste, l’une représentant la Cène de Lodovico Cigoli (fig. 106) et l’autre, un portrait d’un artiste anonyme 270 . Les artistes romains, vénitiens, lombards ou génois ne semblent pas plus privilégier ce support 271 . En fait, seuls quelques peintres présents à la cour de Bohème paraissent avoir peint sur améthyste. Le Christ mort soutenu par un ange avec Marie Madeleine 272 , attribué jusqu’à présent à l’école véronaise, dérive d’une composition de Hans van Aachen, reprise à l’identique du tableau du château de Grignan, et doit être inscrit dans le milieu praguois (fig. 129).

Notes
264.

Minéral secondaire trouvé dans certaines pegmatites à phosphates et utilisé en tant que pierre ornementale.

265.

Del Riccio, 1597, (1996), p. 157.

266.

Ce gisement a certainement pu être mis à jour et exploité grâce au mécénat del’empereur Rodolphe II qui vouait une véritable passion aux minéraux.

Boece de Boot, 1609, éd. (1644), p. 205.

267.

« Di quà si cavano diaspri, porfidi, ametisti, calcedoni et altre bellissime pietre di varii e vaghissimi colori e di molto prezzo », Orlandini, Leonardo, Breve discorso del castagno di Mongibello e delle Lodi di Sicilia, Palerme, 1614, publié par Montana, Giuseppe, Gagliardo Briuccia, Valentina, I Marmi e diaspri del Barocco siciliano, Palerme, Flaccovio, 1988, p. 15.

268.

Targioni Tozetti, 1792, vol. 1, p. 85.

269.

Dans la Maremma Massetana.

270.

Lodovico Cigoli, La Cène, huile sur améthyste, 6,6 cm x 12 cm, localisation inconnue, Vente Chaucer Londres, 1991, n° 6. Catalogue raisonné, n° 153.

Ecole florentine, Portrait d’une jeune homme, huile sur améthyste, 13 cm x 12 cm, localisation inconnue, vente Jacques Desamais, Avignon, 29 juin 2003. Catalogue raisonné n° 206.

271.

Pour l’heure, nous ne connaissons qu’une œuvre peinte sur améthyste par un artiste véronais. Il s’agit de la Lapidation de saint Étienne, d’Alessandro Turchi - huile sur améthyste, 24,5 cm x 32,5 cm, Dresde, Staatliche Gemäldegalerie, inventaire 518. Catalogue raisonné, n° 388.

272.

D’après Hans von Aachen, Christ mort avec un ange et Marie Madeleine, huile sur améthyste, 17 cm x 21 cm, Milan, collection Giulini. Catalogue raisonnén° 639.

Catalogue d’exposition, Milan, 2000-2001, n° 139, p. 173.