Le jaspe est une variété microcristalline de quartz pouvant comporter d'autres minéraux, tels l'hématite, la calcite, l'anatase, la pyrolusite qui expliquent sa diversité chromatique - des rouge, vert, jaune aux bruns.
Le jaspe est extrait dans diverses localités. Agostino del Riccio cite que « par tout l'État de Volterra se trouvent diverses sortes de jaspes, agates et cornalines et d'autres pierres de valeur qui sont dans les fossés et les torrents » 301 .
La Sicile comporte également une très grande quantité de jaspes 302 utilisés pour de nombreuses ornementations architecturales, dont la chapelle Médicis à Florence. Tandis qu’Orazion Cangi écrit qu'il est « prêt à embarquer à Livourne afin de se rendre à Messine pour chercher des jaspes » 303 , Filippo Baldinucci indique « qu'il nous est porté de Sicile des pierres - de jaspe fleuri - de grosseur de la moitié d'un bras et plus » 304 . Ce dernier décrit diverses variétés de jaspe en provenance de Sicile dont les jaspes coraline (de couleur jaune ponctué de veines et de taches blanches), fleuris (taches de couleur rouge, blanc et fond violet foncé), jaune tacheté (de la couleur de la peau d'un lion, toute rayée), le jaune calcédoine traversé de veines, blanc livide et tachetés de jaune et enfin le jaspe veiné (couleur jaune comportant des striures jaunes, vertes). On trouve également du jaspe de Barga, rouge comportant des veines blanches, de Corse, couleur vert gris, et enfin celui de Bohème, qui, importé en grande quantité en Italie dès le début du XVIIe siècle, est très largement décrit par Filippo Baldinucci 305 .
Le jaspe était employé dans de nombreuses décorations architecturales, retables ou autres ouvrages composés de pierres dures. Si pour l’heure nous ne connaissons que très peu de tableaux peints sur jaspe - Adoration des bergers et Adoration des Mages, exécutées d’après Jacopo Bassano (fig. 20 et fig. 78) 306 ainsi qu’une scène des enfers, d’artiste anonyme - collection Giulini -, les inventaires font souvent référence à des oeuvres peintes sur jaspe. Par exemple, la famille Barberini détenait « un tableau de sainte Catherine lorsqu'on lui coupe la tête, en pierre de jaspe jaune » 307 ; le banquier Giovann Antonio Parravicino possédait, en 1721, « un autre haut de cinq onces et large de trois onces et demi avec un cadre d'ébène représentant sur pierre de jaspe oriental, la Prière avec les anges qui lui présentent un calice » 308 , et la collection d’Emmanuel I de Savoie comportait « Une Bataille de Tempesta, Victoire de David contre Goliath sur jaspe » 309 . Enfin, l’inventaire de Claudine Bouzonnet-Stella fait état de diverses productions sur jaspe dont « sur pierre jaspe : une vierge […] sur pierre jaspe verte : une Sainte Ursuline » 310
Del Riccio, édition 1996,p. 127.
Voir l'ouvrage Concetta di Natale, 2001.
Publié par Pampaloni Martelli, catalogue d’exposition, Florence, 1988-1989, p. 272.
baldinucci, 1681, p. 47-48.
Voir les descriptions de baldinucci, 1681, p. 44-48.
D’après Jacopo Bassano, Adoration des bergers, huile sur jaspe, 24,8 cm x 24,8 cm,
New York, galerie Piero Corsini ; Adoration des Mages, huile sur jaspe, 24,8 cm x 25, 3 cm, Chicago, Martin d’Arcy Museum of Art ; Adoration des Mages, huile sur jaspe, 18,4 cm x 14 cm, Fort Worth, Kimbell Art Museum. Voir catalogue raisonné n° 263 à 265.
« Un quadro di S. Caterina quando li taglio la testa in pietra di diaspro giallo », Inventaire de Francesco Barberini, 22 mai 1627, publié par Lavin Aronberg, 1975, p. 86.
« Un altro alto once 5 largo once 3 I/2 con cornice d'ebano, rapresentante sopra pietra a diaspro orientale l'orazione all'orto con l'angeli che li presenta il calice Inventaire », publié par Coppa, dans [collectif], Affrechi a Sesto San giovanni. Cicli decorativi nelle ville del territorio, Milan, 1989, p.168.
« Battaglia del Tempesta, Vittoria di David contro Golia, sopra diaspro, alt.on 4, larg. 6 », A.S.T, Camerale art. 801, publié par Campori, Giuseppe, Raccolte di cataloghi ed inventari inediti… dal secolo XV al secolo XIX, Modène, Vincenzini, 1870, p. 89.
guiffrey, 1877, p. 32.